Au loup ! La bête du Gévaudan et autres loups auvergnats

Au loup ! La bête du Gévaudan et autres loups auvergnats > La Bête du Gévaudan

La Bête du Gévaudan

Maintes fois citée, étudiée, racontée, transposée au cinéma, la Bête du Gévaudan ne cesse de faire parler d'elle depuis plus de deux siècles. Tout débute en 1764 avec des attaques meurtrières commises en Lozère. Dès lors, une " Bête " attaque et tue dans les provinces du Languedoc et d'Auvergne pendant 4 ans. Les agressions commises en Haute-Auvergne impliquent forcément l'intervention des pouvoirs qui administrent alors cette province, et expliquent la présence de dossiers consacrés à cette affaire dans le fonds de l'intendance d'Auvergne des Archives départementales du Puy-de-Dôme.

Les premières attaques ont lieu dans le sud de la Lozère. Dès l'hiver 1764-65, la Bête sévit dans les limites des départements de la Lozère, du Cantal et de la Haute-Loire, englobant les secteurs de Saint-Flour, Saugues et Marvejols. Elle demeure plus ou moins dans ce périmètre jusqu'à sa disparition. La violence des blessures marque les esprits et provoque l'effroi. Les morsures sont impressionnantes, les habits déchiquetés, les membres arrachés et les têtes parfois décapitées. Les victimes sont des enfants ou des jeunes gens, le plus souvent des filles. Il s'agit généralement d'individus occupés à garder les troupeaux. Toutefois, l'animal s'introduit dans les villages, allant même jusqu'à porter ses agressions dans les cours des habitations. Autre fait marquant, les agressions sont courantes, répétitives ; les autorités allant même jusqu'à en signaler plusieurs sur une même journée. La plupart du temps, les victimes succombent, rares sont celles qui survivent. Les gens ne disposent que de moyens rudimentaires pour se défendre, surtout les enfants. Ceux qui parviennent à échapper à la mort ont été le plus souvent secourus à temps ou sont armés d'objets plus efficaces comme des fourches ou des petites baïonnettes. Ceux qui se défendent parviennent parfois à blesser la " bête féroce " mais les coups portés ne semblent être d'une quelconque efficacité. Nombre de témoignages rapportent des coups de fusils tirés dans sa direction sans pouvoir tuer l'animal. Les esprits sont troublés par cette créature dont on ne réussit pas à définir véritablement l'identité, qui s'attaque aux populations sans aucune crainte et avec sauvagerie, et surtout qu'on ne parvient pas à tuer.

Les autorités décident d'intervenir. De Moncan, gouverneur du Languedoc, envoie le capitaine Duhamel, aide major des volontaires de Clermont. Avec ses dragons, il se fixe en Haut-Gévaudan où il décide d'organiser des battues, dont la plus importante a lieu le 7 février 1765. Toutes se soldent par un échec. La population ne voit pas d'un bon œil les dragons dans leur région et doute de leur efficacité. La peur a gagné beaucoup d'esprits et Duhamel se plaint de la couardise des paysans. Suite aux échecs du capitaine, d'Enneval, célèbre louvetier est envoyé par la cour pour chasser l'animal dès le mois de février. Parallèlement, des primes importantes sont offertes pour la mort de la Bête, bien que l'on répugne à armer les paysans. Rien ne fonctionne, y compris les pièges multiples, quelquefois farfelus, ou les tentatives d'empoisonnement. Ulcéré par un nouveau revers, le roi décide de mandater Antoine, porte-arquebuse afin de résoudre ce problème. Arrivé au mois de juin 1765, celui-ci organise des battues qui connaissent également l'insuccès. Mais, le 21 septembre 1765, il abat un grand loup aux Chazes (au sud de Langeac). Sur le procès-verbal, des témoins reconnaissent l'animal, auteur des agressions. Le cadavre est ensuite envoyé à Clermont où il est autopsié et embaumé pour être présenté à la Cour.

Cependant, les agressions reprennent quelques semaines après et beaucoup doutent de la culpabilité du loup, abattu par Antoine, lors des attaques antérieures. Mais pour les autorités, l'affaire est close et le roi ne veut plus entendre parler de cette affaire. Les plaintes des habitants restent donc lettres mortes.

En 1767, Chastel tue une Bête dont la description fait état d'un animal imposant, différent du loup, mais avec quelques ressemblances. Dès lors, après une centaine de meurtres, les attaques cessent définitivement.

Ainsi, le mystère de la Bête continue d'intriguer, alimenté par les descriptions contemporaines de l'animal pour le moins étranges. On décrit sa taille impressionnante (celle d'un " veau d'un an "), ses grosses pattes, sa raie sur le dos, mais aussi son comportement rusé et arrogant vis-à-vis des hommes. On lui prête des tactiques, des idées de pièges pour commettre ses méfaits. Son aptitude à résister aux coups de feu effraie. Les correspondances et les témoignages de l'époque parlent continuellement d'une " bête ", quelquefois " qu'on croit être un loup ", mais ne rapportent jamais l'identité formelle.

Les gazettes de l'époque se sont emparées de l'histoire et encore de nos jours toutes les hypothèses sont avancées, plus ou moins fantaisistes : on évoque ainsi la présence d'extra-terrestres, un fléau divin, un singe, un sadique, une hyène ramenée d'Afrique, un ou des loups, des hybrides chiens-loups dressés, …

Victimes et mystificateurs

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L'organisation des chasses

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Les descriptions de la bête

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