De Verrières le 22 mars 1765

(Le 30 mars 1765, écrit à M. de Montluc pour l'instruire de cecy)

Monsieur,

Lisant touts les ordinaires les gazettes, il y en a peu depuis trois mois qui ne fassent mention de quantités de massacres que fait la hiène qui est dans votre province. Je vais vous raporter le fait d'un fort gros loup cervié qui étoit, il y a quarente ans ou environ, à Bonière, lequel y fesoit aussi de grands ravages, surtout sur les enfants. Mes affaires me fesant trouver en ce pays, je donnai avis aux habitants d'âbiller un mouton en fille que l'on coiffa avec un bonet de fille, l'on le plaça en un endroit commode et plusieurs personnes armées s'y portèrent. L'animal n'a pas manqué de venir se jetter sur le mouton qui, remuant, c'est imaginé estre un enfant. Pendant ce temps là, l'animal a été tiré et tué par ceux qui étoient posté. En concéquence de ce fait il n'y auroit point de difficultés, Monsieur, que vous fissiez exécuter dans différents endroits de votre département l'avis que j'ay l'honneur de vous donner. Observé qu'il sera bon de faire arranger le mouton pour qu'il soit debout et qu'il imite la grandeur d'un enfant, pour ce il n'y a qu'à faire battre en terre deux bons pieux et y bien attacher le mouton pour que la hiène ne le [puisse emporter].