Au loup ! La bête du Gévaudan et autres loups auvergnats

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Le loup et l'homme : une difficile cohabitation

Au cours des siècles derniers, le loup était un animal largement répandu en Auvergne. Sa présence était notamment constatée dans les régions montagneuses et boisées. Le loup est un mammifère de l'ordre des carnivores. Chassant en meute, il s'attaque au gibier mais aussi au bétail. En effet, très endurant, il est capable d'emporter un mouton. Cependant, les animaux sauvages constituent la nourriture principale du loup (chevreuils, cerfs, chamois, petits mammifères,...). L'attaque du bétail, principalement ovin, ne constitue qu'une faible partie de la ressource alimentaire et se produit surtout en période de pénurie de gibier.

La principale cause de l'extermination du loup n'est pas due aux peurs collectives face aux dangers de la bête, mais surtout aux conflits avec les paysans. Les populations se plaignent du préjudice causé par les loups sur leurs troupeaux, ressource financière et alimentaire non négligeable alors.

Face aux attaques subies sur leurs troupeaux, les éleveurs ont demandé aux pouvoirs publics l'autorisation de chasser l'animal et d'obtenir sa disparition. Ainsi, chassés intensément à partir du XIXe siècle, le nombre de loups se trouve considérablement réduit, en quelques décennies, jusqu'à son éradication après la Première guerre mondiale. Il a commencé à disparaître de l'Auvergne dès le début du XXe siècle. De nos jours, son existence a considérablement diminué sur tout le territoire français jusqu'à sa disparition dans la quasi-totalité des régions.

Au fil des siècles, les attaques de loups dans les campagnes auvergnates se produisent le plus souvent en période hivernale. Les bêtes s'attaquent aux troupeaux mais aussi parfois aux hommes. Les agressions commises sur ces derniers sont rares. En revanche, elles s'avèrent redoutables en cas de rage. Le loup enragé n'hésite pas à assaillir l'homme et transmet ainsi la maladie que l'on ne sait alors guérir jusqu'à l'époque de Pasteur. A ce propos, il convient de signaler que le chien est plus souvent le vecteur de la maladie sur l'homme que le loup.

Les autorités locales rapportent fréquemment les agressions de loups sur le bétail ou sur l'homme jusqu'au dernier tiers du XIXe siècle et ne cessent de demander l'autorisation de les chasser.

On attribue généralement l'institution de la Louveterie à Charlemagne avec la création des luparii, même si c'est François Ier qui établit le premier lieutenant de louveterie du royaume. Supprimée brièvement lors de la Révolution, cette institution est rétablie sous l'Empire. A partir de cette époque, les lieutenants de louveterie doivent rendre compte du nombre de bêtes tuées au cours de l'année.

Cependant, la méthode la plus usitée pour se débarrasser des loups reste la battue (huée) où les paysans servent de rabatteurs de gibier.

A partir du XIXe siècle, l'attribution de primes est le moyen privilégié par l'administration pour éradiquer l'animal, classifié comme " nuisible ". La récompense s'avère très intéressante (environ l'équivalent d'un salaire de journalier par loup tué). Les louves pleines rapportent évidemment plus d'argent. Par peur d'être grugées, les autorités demandent que la tête soit présentée, les oreilles découpées et conservées, évitant ainsi que le chasseur ne touche plusieurs fois la prime pour le même loup.

La loi de 1882 déclare une guerre sans merci à l'animal, augmente les primes et ordonne sa destruction par tous les moyens.

Autre méthode fréquemment employée, le poison, décliné sous plusieurs formes : noix vomique, strychnine. Le poison est souvent mélangé à diverses plantes et laissé à l'intérieur de cadavres de chiens, voire plus rarement de chèvres.

Des périodes de famine où les loups s'attaquent aux hommes (le fameux Courtauld à Paris en 1438), à l'histoire de la Bête de Gévaudan au succès retentissant, tant d'autres événements au fil du temps font que le loup imprègne les mentalités collectives. Souvent associé au Diable, animal cruel et sanguinaire, il entre dès le plus jeune âge dans les esprits par le biais des récits, des contes où il est très présent : le petit Chaperon rouge le dispute à la chèvre de M. Seguin, en passant par la fable du loup et l'agneau ou les récits fantastiques de loup-garou.

Depuis quelques années, les consciences ont évolué avec un souci grandissant pour la protection de l'environnement et de l'écosystème. Si la présence inexpliquée de quelques loups a pu être signalée, le loup n'a pas encore réapparu en Auvergne de manière formelle. Cependant, suite à sa présence dans les Alpes, la question de son retour dans notre région s'avère désormais d'actualité.

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