Sur les bancs de l'école

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Organiser l'enseignement primaire

Sous l'Ancien Régime, la fréquentation des petites écoles, où l'on apprend à lire, éventuellement à écrire et à compter, est encore un phénomène lacunaire, très inégal selon les lieux, les milieux socioculturels et les sexes. C'est déjà néanmoins, un mouvement qui s'est mis en marche. Par ailleurs, s'affirme une demande croissante de la part des familles, de plus en plus sensibles à l'utilité de savoirs élémentaires. Ainsi, peu à peu, mais irrévocablement, la société enfantine prend-elle le chemin de l'école. Entre 1835 et 1838, 29 % des enfants de l'arrondissement de Clermont sont scolarisés l'hiver, 32% pour celui d'Ambert, 41% pour celui d'Issoire, 19 % pour Riom et 28% pour Thiers, soit une moyenne de 25,8%.

François Guizot, ministre de Louis-Philippe, exprime la volonté de donner à l'instruction primaire une impulsion nouvelle. Sa loi de 1833 impose aux communes d'entretenir une école publique. En 1841, sur 445 communes, 216 possèdent les 224 écoles de garçons et 14 écoles de filles du département. Ainsi, 195 sont dépourvues d'établissements scolaires. Le taux de fréquentation scolaire atteint 37,6% en hiver et 24,3% l'été pour les communes pourvues d'écoles. Au niveau du département, 29,5% des enfants fréquentent l'école en hiver et 19,1% en été.

Un problème majeur persiste durant les deux premiers tiers du XIXe siècle. Une partie des enfants n'est toujours pas scolarisée, et ceux qui le sont, sont absents entre 3 et 6 mois de l'année. Les travaux des champs ou de l'industrie nuisent à la fréquentation scolaire. A Thiers, les enfants sont souvent envoyés dans les coutelleries dès l'âge de 11 ans. Autre exemple, en 1837 à Ludesse, si les garçons sont 27 à fréquenter l'école l'hiver, ils ne sont plus que 8 l'été. Autre bémol au développement de l'instruction publique, le faible taux de fréquentation de l'école par les filles. Malgré de réels progrès dans ce domaine, subsistent toujours dans les mentalités quelques freins à instruire les filles.

Malgré tout, la multiplication des écoles demeure une priorité gouvernementale. Ainsi, en 1850, la loi Falloux incite à ouvrir des écoles pour les filles, et, en 1867, celle de Victor Duruy accroît les obligations scolaires pour les communes. En 1850 sur le plan national, 47% des enfants bénéficient de l'instruction, puis 70,4% en 1867.

La continuité logique de cette série de réformes est de construire l'école républicaine. En quelques années, l'enseignement primaire est profondément remanié. Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique et président du Conseil, dépose en 1879, deux projets de loi concernant le Conseil supérieur de l'Instruction publique et l'enseignement supérieur. L'article 7, destiné à libérer l'école de l'influence des religieux, soulève une vive indignation au Sénat puisqu'il prévoit l'interdiction d'enseigner aux congrégations non autorisées.

En 1881, la gratuité de l'école primaire publique est votée. L'année suivante, la loi Ferry instaure l'obligation scolaire et la laïcité. Tous les enfants, de 6 à 13 ans, recevront une instruction élémentaire dans les écoles publiques ou privées. L'enseignement religieux est supprimé des écoles publiques. En classe, la morale et l'instruction civique se substituent au catéchisme et à la prière. Une loi interdit également les insignes religieux dans les écoles. Dès lors, l'enseignement confessionnel se replie vers les écoles privées qui accueillent, vers 1900, près d'un quart des élèves.

Ces mesures ont pour conséquence des tensions, en particulier dans les milieux ruraux où la place du curé demeure importante. Dans l'est du département où les conflits sont les plus marqués, les crispations portent souvent sur les heures de catéchisme placées au même moment que la classe. Les heurts sont plus ou moins marqués selon les lieux. En 1913, les rapports des circonscriptions de Riom et d'Issoire mentionnent qu'il n'y a aucun incident. Les antagonismes s'estompent à la veille de la Première guerre mondiale.

Aboutissement d'un mouvement de scolarisation de masse largement entamé, les lois scolaires de Jules Ferry ont des incidences positives. En 1900, l'école élémentaire touche la quasi-totalité des enfants entre 6 et 13 ans. C'est sur la scolarisation des filles et des enfants des campagnes, que les familles préféraient voir aider aux travaux domestiques, que le caractère obligatoire de l'enseignement a une véritable influence. Même si l'absentéisme saisonnier demeure, il tend à se résorber lentement. Quelquefois, les autorités académiques n'hésitent pas à faire appel aux gendarmes pour lutter contre les absences fréquentes et injustifiées.

Le taux de fréquentation scolaire ne cesse de progresser jusqu'à la Seconde guerre mondiale, et en 1936, l'obligation scolaire passe de 13 à 14 ans.

Prendre le chemin de l'école

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Construire l'école républicaine

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Affirmer la laïcité

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