Entre peste et choléra

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Maladies, épidémies et autres grandes mortalités : typologie et conséquences

Des chroniques médiévales aux rapports de médecins établis pour les autorités locales, la maladie relevant pourtant de l'intime à l'origine, suscite un intérêt majeur pour la société. Elle induit des pratiques nouvelles, des comportements sociaux, des réactions humaines plus ou moins adaptées. De la création d'institutions à la réglementation de professions, elle participe finalement à la structure de la société.

Parmi toutes les maladies qui ont sévi à diverses époques, la peste occupe une place sans commune mesure dans les mentalités. Sa violence et ses conséquences dévastatrices ont laissé une empreinte durable dans la société et son rapport à la maladie contagieuse. L'Auvergne n'est pas épargnée par les différentes épidémies. Preuve en est, dès le Moyen Âge, un document témoigne que le département du Puy-de-Dôme a été touché par la peste noire de 1347-1348 (en 1383, toute l'Auvergne est touchée). Ainsi, la peste, ou du moins les pestes (les contemporains qualifient de peste certaines maladies contagieuses non identifiées) sévissent au cours des siècles pour disparaître au XVIIIe s. de manière durable.

Autre maladie terrorisante : la lèpre. Elle apparaît en Auvergne dès le XIIe s. Les archives du tribunal de la Purge - institution unique en France implantée à Montferrand renseignent sur la maladie et ses symptômes. Chargé de juger les ladres, le tribunal (les consuls de Montferrand agissant au nom du roi), fait procéder à des visites médicales, suite le plus souvent à des dénonciations, afin de vérifier si la personne est véritablement atteinte de la maladie. Les médecins et chirurgiens-barbiers auscultent les individus " entachés ou soupçonnés de lèpre ". L'examen est minutieux : après avoir observé le visage du malade et repéré d'éventuelles lésions, le corps est examiné et palpé. La saignée effectuée par le chirurgien-barbier permet d'étudier l'aspect du sang. Par exemple, en 1494, l'examen du prêtre d'Herment révèle entre autres des " pieds avec insensibilité, et corruption de forme et de figure " et se conclut par une déclaration d'atteinte de lèpre.

La fascination exercée par ces deux fléaux majeurs ne doit pas faire oublier les maladies " ordinaires " inscrites dans le quotidien de l'Homme. La peste, archétype de la maladie contagieuse, n'occulte pas les grippes, diphtéries, dysenteries, tuberculose et affections infantiles meurtrières par le passé, sans oublier le choléra. Si ce dernier n'est identifié qu'au XIXe s., les symptômes des épidémies de dysenterie aux siècles précédents lui sont similaires. Ainsi, Ambroise Paré décrivant une épidémie de dysenterie en Auvergne en 1546 écrit : " Cette maladie frappait riches ou pauvres, robustes ou débiles. Les symptômes : fièvre, douleur de tête, pesanteur du corps, grand délire. La mort survient en 2 à 3 jours ".

Outre les conséquences humaines dramatiques, les questions de santé révèlent aussi des enjeux économiques ou politiques. La production est désorganisée et les épidémies coûtent cher aux communautés d'habitants. Exemples de conséquences économiques, le témoignage de la grande peste qui a sévi en 1348 à Clermont relate l'impossibilité d'organiser l'aumône de l'Ascension faute de trouver suffisamment de personnes capables de donner de l'argent. Un siècle plus tard, le roi Charles VII accorde une réduction d'impôt de 300 livres à Clermont en raison du grand nombre de morts de la peste. Sur le plan politique, Clermont, Montferrand et Riom n'hésitent pas à régler leurs comptes dès que des mesures prophylactiques doivent être prises.

La peste et la lèpre : deux grands fléaux

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