Vercingétorix....Quel héros par Toutatis !

Vercingétorix....Quel héros par Toutatis ! > Un héros aux multiples facettes....toujours d'actualité !

Un héros aux multiples facettes....toujours d'actualité !

La figure de Vercingétorix fait l'objet de nombreuses créations artistiques. Peintres, écrivains, sculpteurs s'intéressent au personnage. Ainsi, dès la fin du XIXe s., l'iconographie et la littérature, à travers les opéras, odes et drames, rendent hommage au guerrier. De poèmes parus dans l'Auvergne illustrée, et tombés depuis dans l'anonymat, aux tableaux de Théodore Chassériau en passant par l'opéra d'Etienne Clémentel, les représentations de Vercingétorix ont été extrêmement

variées, révélant ainsi la complexité du rapport entretenu avec le héros. Le récit de César est finalement celui d'une défaite, ce qui aurait pu s'avérer un obstacle pour le mythe, or de la reddition naît une image héroïque. Les tableaux, ou l'iconographie présentée dans les manuels scolaires, ne témoignent pas d'une humiliation. Vercingétorix apparaît comme un courageux chef guerrier, et même lors de sa reddition, il est représenté adoptant une fière posture. Cela permet d'accepter la défaite, la Gaule devient romaine après s'être vaillamment battue, et rentre dans la civilisation. De cette dualité émane la notion que d'une défaite peut naître un bien, notion reprise par ailleurs plus tard par le maréchal Pétain.

Vercingétorix est une figure malléable à qui on a donné avec le temps une signification politique et idéologique très large. Il fait partie des grands personnages incarnant la nation, comme Jeanne d'Arc, Louis XIV, etc. Cette symbolique produit un impact considérable dans les esprits et explique la profusion d'oeuvres qui lui sont consacrées tant au niveau local que national. Elles sont les plus abondantes de la fin du XIXe s. jusqu'aux années 20. L'explication de ce phénomène tient non seulement dans la découverte et la frénésie liées au chef gaulois, mais aussi dans le traumatisme de la défaite de 1870. Le Gaulois a cédé devant César, symbolisant le Kaiser, mais il a lutté pour la patrie, et de la défaite est né un ordre nouveau, non plus la romanisation mais la république. Les multiples oeuvres littéraires adoptent un schéma narratif et des représentations similaires. Opéras et

poèmes témoignant des bienfaits de la civilisation romaine exaltent surtout les valeurs de l'indépendance, de la liberté et du sacrifice pour la nation et l'intérêt du peuple. Fréquemment, une druidesse prédit une revanche finale (la chute de Rome). Quand R. Bassin souhaite ériger un monument à celui « qui le premier fit pâlir la fortune de César », le président du Comité national s'écrie « que le héros arverne doit être le symbole de la résistance à l'invasion. Tous les patriotes doivent faire connaître Vercingétorix par le vers, l'image, le bronze ».

Vercingétorix concentre des symboliques diverses et réalise la synthèse de nombreuses aspirations idéologiques. Il représente alors d'une certaine façon ce que l'on désire : il est jeune, courageux, fédérateur et s'oppose à l'oppresseur. La France,marquée par la défaite de 1870, a le regard tourné vers la Prusse, mélange de revanche et d'admiration. Et dans la rivalité

entre ces nations, il faut faire remonter les ancêtres le plus loin possible dans le temps. "Nos ancêtres" sont donc les Gaulois, ceux-là mêmes qui fournissent le premier héros. Vercingétorix représente la race française, amalgame à l'époque de nation, de peuple, de généalogie, voire de l'âme celtique chère à E. Clémentel. Il a été vaincu, seuls les Francs l'ont vengé, permettant la permanence de la race. L'unanimité se fait au sein des diverses tendances politiques. On exalte l'aspect national de Vercingétorix et sa conception fédératrice d'un peuple basée sur les frontières naturelles (le Rhin). Il s'inscrit en premier dans la lignée où se succèdent Clovis, Jeanne d'Arc, Napoléon, toutes les grandes figures unificatrices de la nation. La notion de sacrifice lui confère un aspect christique et favorise le ralliement des milieux cléricaux. L'antigermanisme, la glorification du sacrifice, dont celui des Poilus, achèvent de façonner l'aspect consensuel du héros.

Pour s'imposer, le régime de Vichy exalte à son tour la continuité nationale à travers les héros nationaux. Ainsi, en août 1942, la Légion organise des fêtes célébrant « la terre de France », l'unité et la grandeur de l'Empire. Vercingétorix, symbole de sacrifice à la patrie et le nom illustre de Gergovie offrent une identification utile à la propagande du nouveau régime. Le samedi 29 août a lieu sur la place de Jaude pavoisée, une veillée autour du drapeau légionnaire placé sur des faisceaux de fusils. Durant la nuit, montent à Gergovie les urnes et sachets, contenant des terres recueillies dans la France et l'Empire. Ces terres sont déposées le dimanche matin dans la crypte du monument érigé sur le plateau de Gergovie. Un texte, rédigé par René Giscard d'Estaing, président de l'Académie de Clermont, déposé avec les terres et écrit en caractères gothiques sur parchemin, symbolise la continuité de l'histoire de France. Après avoir scellé une plaque de marbre commémorative, le Maréchal redescend à Clermont où place de Jaude, devant 30 000 légionnaires, est célébrée une messe suivie d'un bref discours de Pétain. Lors de cet événement, Vercingétorix est concurrencé par d'autres personnages illustres et les journaux citent allègrement les grands hommes d'Auvergne. L'évocation du Gaulois lui-même ne va pas sans ambiguïté. En effet, à Gergovie, le héros gaulois a triomphé. En outre, le monument de Bartholdi et son inauguration républicaine fastueuse embarrasse le pouvoir. Aussi, le monument est à peine évoqué. Seul un symbolique et ambigu rapprochement s'amorce au travers des deux citations : « Je prends les armes pour la liberté de tous » et « Je fais à la France le don de ma personne ». Le culte du chef est exalté. Grâce à lui et par le rassemblement des « terres des ancêtres », l'unité française a été retrouvée. Les

Français ne doivent pas compromettre son action salvatrice et doivent s'unir derrière lui. Il n'appelle pas à la rébellion, mais incarne l'unité nationale et le début d'un ordre nouveau.

La résistance s'identifie également au héros gaulois comme en témoigne particulièrement l'iconographie. Là, il s'agit plus d'exalter la lutte pour l'indépendance La référence est dans la résistance et la lutte. Des professeurs de l'université de Strasbourg, repliée à Clermont-Ferrand, rassemblent par ailleurs en 1940 des étudiants, les « gergoviotes » chargés d'effectuer des fouilles à Gergovie et formant un vivier de résistants. Jusqu'à nos jours, la figure de Vercingétorix a été exploitée, même de façon publicitaire. Son image est largement utilisée localement. Les grandes manifestations rassemblent les foules autour, voire « sur », la statue de Bartholdi ! Et le mythe national a triomphé avec la bande dessinée Astérix qui a assuré la renommée des « irréductibles gaulois ».

Un héros consensuel et populaire

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Vercingétorix aux symboliques variées

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