Accoucher à Clermont

Évoquées dès les premières décennies du XIXe siècle, la construction d’une maternité et d’une école départementale d’accouchement dans l’enclos de l’Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand ne voit le jour que dans les années 1890.


À la maternité, dédiée aux « femmes, filles et veuves indigentes enceintes, en couche ou accouchées à la charge de la Commission hospitalière » était associée une école d’accouchement, destinée à former les sages-femmes, en particulier celles qui seraient amenées à exercer dans les campagnes[1]. Installés place Sidoine-Apollinaire à Clermont-Ferrand, les bâtiments de la maternité et de l’école départementale réunies souffraient d’exiguïté et d’insalubrité. Aussi, dès 1880, leur installation fut-elle envisagée dans l’enclos des jardins de l’Hôtel-Dieu. Cette préconisation resta cependant lettre morte, les Hospices de Clermont refusant de céder les terrains et l’État n’accordant pas de une subvention au projet.

Durant les années 1884-1885, une épidémie sévit au sein de l’établissement : sur quinze femmes accouchées, huit succombèrent, tandis que deux élèves sages-femmes et l’une des maîtresses furent atteintes de maladies infectieuses. La maternité fut alors évacuée vers l’Hôtel-Dieu. Des mesures d’assainissement et de désinfection permirent d’enrayer l’épidémie jusqu’en 1890. D’autres épisodes épidémiques se produisirent dans le local de la rue Sidoine-Apollinaire les deux années suivantes, rendant urgente la réalisation de nouveaux bâtiments.

La construction de la maternité débuta en août 1890, notamment grâce aux généreuses donations du docteur Vincent Nivet, directeur honoraire de l’école d’accouchement.Après l’ouverture du « pavillon  Nivet » à l’Hôtel-Dieu, inauguré en 1892, restait encore la question de la construction de l’école d’accouchement, appelée à accueillir une quarantaine d’élèves. Eugène Ledru, directeur de l’école, et Nivet insistaient pour que l’emplacement fut proche de la maternité, de manière à ce que les élèves sages-femmes puissent assister aux accouchements. Un bail fut alors conclu entre le Département et la Commission administrative des Hospices : le bâtiment serait édifié à côté de la maternité par l’administration des Hospices à ses frais, tandis que le Département en deviendrait locataire. Les plans furent confiés à Jean Teillard, architecte des Hospices, qui avait d’ailleurs construit la maternité. Ce dernier suivit le programme de Ledru et de Nivet, répondant aux exigences hygiénistes du temps[2]. Plusieurs avant-projets furent réalisés, le projet définitif n’étant adopté qu’en 1894, après les décès de Ledru et Nivet.

 

Le plan présenté est un projet d’élévation de la façade principale comportant cinq niveaux avec soubassement et combles. Elle est rythmée par sept travées, dont celle du centre, dotée d’un avant-corps peu saillant surmonté d’un fronton cintré et percé d’une porte. Contrairement à la maternité, l’architecte Teillard a voulu ici réaliser une architecture toute en polychromie : aux ardoises sombres du toit répond le crépi rouge-brun (peu visible aujourd’hui sur le plan), associé à la pierre calcaire blanche et aux briques rouges utilisées pour rythmer les niveaux et travées. Le fronton principal reçoit un décor sculpté tandis que des fleurs en terre cuite émaillée ornent les frontons des lucarnes au niveau des combles.




[1] Concernant l’histoire de l’école départementale d’accouchement, voir en particulier le dossier coté N 469.

[2] Voir les nombreux rapports et études réalisés par ces auteurs (cote : N 469). 


757 Fi 32/9 (png - 1684 Ko)

Élévation de la façade principale de l’école départementale d’accouchement de Clermont-Ferrand réalisée par Jean Teillard, janvier 1894. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 757 Fi 32/9.


Pour en savoir plus


Collectif, L’Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand. Histoire d’un établissement hospitalier, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2014.

Christophe LAURENT, « L’École de sages-femmes (histoire et architecture, 1816-1896) », étude monographique inédite extraite du dossier d’inventaire « L’hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand » (rédigé par le même chercheur), 2014-2017, Service Patrimoines et Inventaire général, Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, à paraître en 2018 sur le futur site internet du service.

 

 


Fonds des Hospices de Clermont,

Arch. dép. Puy-de-Dôme, 757 Fi 32/9




Retour haut de page