En selle… en piste !
L’engouement pour la pratique cycliste, aussi bien sportive, touristique qu’utilitaire, génère au tournant du XXe siècle une foisonnante économie et stimule les investissements publics en matière d’équipements sportifs ou d’aménagements urbains dédiés aux vélocipédistes. Les villes importantes ou à forte vocation touristique (comme c’est le cas des stations thermales) intègrent l’aménagement des vélodromes « en dur » lors de la construction de leurs équipements sportifs.
A partir des années 1930, les enjeux sociaux et politiques du sport sont mieux pris en compte et la presse sportive consacre la « figure du champion ». Les communes investissent dans l’aménagement d’équipements sportifs qui, jusque-là, restaient principalement à charge des associations sportives (privées). À La Bourboule, le vélodrome du Mont-Sans-Souci, exploité par la Société des Casinos depuis le début du XXe siècle, est entièrement réaménagé par la Ville, agrandi et couvert entre 1932 et 1938, « la création d’un stade étant absolument indispensable à notre station » (délibération du conseil municipal, 17 avril 1932, 2 O 2525).
À Clermont-Ferrand comme ailleurs, les premiers vélodromes sont aménagés par les clubs cyclistes afin d’accueillir les courses qu’ils organisent.
Un vélodrome temporaire est installé place de Jaude en 1895. Ceinturée sur l’extérieur d’une haute palissade l’isolant de la rue, la piste n’est visible par les spectateurs que depuis l’intérieur du vélodrome. La course cycliste comprend épreuves masculines, féminines, mixtes et sur tricycles.
La construction du parc municipal des sports est votée en 1920, à proximité de terrains d’entraînements sportifs : le premier, appartenant à la société Bergougnan, est isolé du parc par un haut mur ; le second, dit « des Ormeaux », est englobé dans la nouvelle construction.
Un vélodrome, très prisé des Clermontois venant admirer les « spectacles, toujours intéressants de courses sur piste », existait aux Ormeaux. L’infrastructure est détruite en 1920 avec la construction du parc, ce que déplore un grand nombre de conseillers municipaux.
En 1924, tandis que le gros œuvre est achevé et une partie des équipements accessibles aux entrainements, l’aménagement de la piste cyclable est enfin votée. La commande prévoit un cahier des charges strict, « la forme donnée à notre appel est le marché sur concours en raison de la spécialité des travaux ». En ciment armé, la piste doit être homologuée, le relevé des virages soigneusement calculé pour prendre en compte la vitesse des cyclistes (jusqu’à 80 km/h) et des motocyclistes (jusqu’à 110 km/h), et le terrain stabilisé par du remblai (le sous-sol argilo-marneux avait déjà causé des faiblesses dans les piliers de l’entrée du stade, fraîchement construits…). La commande prévoit également de nombreux aménagements sous la piste avec vestiaires dotés de sanitaires et douches, boxes pour vélos et boxes en location pour certains sportifs régionaux. En 1925, un local est attribué à l’Union cycliste Clermontoise, jeune association qui vient de déposer ses statuts en préfecture.
Courses de vitesse et matches entre équipes locales sont très prisées et donnent lieu à de grandes festivités nocturnes ; en 1929, la Ville de Clermont-Ferrand vote un crédit exceptionnel pour l’installation de l’éclairage de la piste cyclable.
Plan d’ensemble du parc des sports, établi en 1925. Un accès spécifique à la piste cyclable permet aux courses sur route de terminer l’épreuve par une épreuve de vitesse sur la piste.
Issus des dossiers d’administration communale (Fonds de la Préfecture. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 2 O 3524), consultez d’autres plans dressés par l’architecte de la Ville de Clermont-Ferrand pour la construction du parc des sports et l’aménagement de la piste cycliste.
Consultez le plan parcellaire avant construction (1920). Arch. dép. Puy-de-Dôme, 33 Fi 799. (1 vue)
Consultez le plan de tracé des pistes (1925). Arch. dép. Puy-de-Dôme, 33 Fi 811. (3 vues)