De sa source au Moure de la Gardille à sa confluence avec la Loire au Bec-d’Allier, la rivière Allier dessine au long de ses 420 kilomètres un paysage contrasté. Les aménagements destinés à tempérer – ou à vivre avec – les caprices de ce qui est aujourd’hui l’une des dernières rivières sauvages d’Europe ont produit nombre de documents, dont certains sont spectaculaires…

Plan de la rivière Allier comprise entre les bornes kilométriques 0 et 101 [de Brassac-les-Mines à Ris], 1854.

Le cours de l’Allier est tout sauf tranquille : ses changements brutaux de débit, les alluvions qu’elle charge créent ici une île, là un nouveau bras, et en assèche un autre ailleurs… Ses crues brusques et amples sont redoutées : on en compte une vingtaine du XV^e au XVIII^e s. Le seul XIX^e s. est marqué par cinq crues majeures, mesurées à Moulins au pont Régemortes : un pic y est atteint en 1866, avec une crue centennale à 5,2 mètres.

Face à ce sujet capricieux, qui peut modifier sensiblement le dessin de ses rives, perturbant – voire menaçant – l’activité humaine, la gestion des travaux d’entretien et de réparation incombent alors aux Pont-et-Chaussées, tout comme la police de l’eau et de la navigation (la rivière est domaniale).

Pour mener à bien cette mission, les ingénieurs s’appuient sur des plans et des cartes qu’ils font régulièrement dresser ; en 1854, les 232 kilomètres traversant les départements de Haute-Loire, du Puy-de-Dôme et de l’Allier, relevant de l’autorité de l’ingénieur en chef de la navigation de l’Allier, sont couverts par cinq plans en accordéon qui, mis bout à bout, ne font pas moins de 54 mètres !

Dans la plaine d’Issoire, la rivière s’étend, forme de nombreux méandres, ce qui rend complexe le passage à gué. Le pont de Parentignat enjambe un des endroits les plus étroits de la rivière, protégé par une digue et une petite falaise naturelle le long du chemin menant à Orbeil.

Dressés au 1/5000^e, ils décrivent précisément non seulement les cours majeur et mineur, avec leurs îlots et leurs méandres, mais aussi tout ce qui se trouve sur les berges : forêt riveraine (ou ripisylve), maisons et établissements humains, falaises, cultures, digues, les ponts et les bacs qui permettent de traverser.

Cartes destinées à l’administration, elles mentionnent les limites communales, et attribuent des cotes kilométriques qui permettent non seulement de surveiller la rivière, mais aussi de projeter des travaux d’amélioration de la navigation ou de construction d’ouvrages d’art. Y sont également reportées les mesures relevées par théodolite, et les emplacements des udomètres (ou pluviomètres) servant à mesurer le niveau des précipitations et à estimer le débit de la rivière.

Les mesures relevées par théodolite sont reportées au-dessus du dessin représentant la rivière et ses abords, ce qui confère au document un caractère éminemment technique. Par ailleurs, le relevé exact de la rivière doit être contraint par le format du papier : ainsi, des encoches vides sont prévues afin de « corriger » virtuellement les méandres de la rivière et obtenir une représentation linéaire de l’Allier.

Aujourd’hui conservé aux Archives départementales du Puy-de-Dôme au sein du fonds des Pont-et-Chaussées, avec le dossier relatif à la lutte contre les inondations et la mise en place de postes de mesures udométriques sur l’Allier, le plan aquarellé sur un papier toilé qui représente les 101 kilomètres de la traversée du Puy-de-Dôme entre Brassac-les-mines et Ris est le plus long de cette série : il permet aujourd’hui de descendre le cours de l’Allier au long de ses 18 mètres et 72 feuilles…

Consultez le plan dans son intégralité , Arch. dép. Puy-de-Dôme, Série S Travaux publics et transports, S 5330. (37 vues)

Plan de la rivière Allier comprise entre les bornes kilométriques 0 et 101 [de Brassac-les-Mines à Ris], (1854)

Arch. dép. Puy-de-Dôme, Série S Travaux publics et transports, S 5330