L'école des Gravouses

De 1905 à 1978, le Conseil général a assumé la gestion d’un établissement d’éducation : les Gravouses. Cette institution était d’abord destinée à recevoir des enfants sourds et malentendants puis de jeunes déficients intellectuels.


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« Exemple de la traduction des mots parlés en gestes phonomimiques », 1904. Arch. dép. Puy-de-Dôme, T 1452


Dès le XIXème siècle, les établissements chargés d’accueillir des enfants dits « sourds-muets » se multiplient. Nombre d’entre eux sont gérés par des  congrégations religieuses. Parmi celles-ci,  les frères de l’Instruction chrétienne de Saint-Gabriel installent en 1873 une école et un noviciat à Clermont-Ferrand au 70, rue Fontgiève. Face à la vétusté du bâtiment, le directeur de l’école est contraint de faire déménager l’école à Chamalières, à la maison dite « Sainte-Anne » en 1890. Quant au noviciat resté à Fontgiève, il est transféré en 1896 dans une nouvelle propriété située aux Gravouses. La congrégation est rapidement dissoute en exécution de la loi du 1er juillet 1901, entraînant la sécularisation des frères et la fermeture de leur chapelle en 1903. 


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« Exemple de la traduction des mots parlés en gestes phonomimiques », 1904. Arch. dép. Puy-de-Dôme, T 1542

 


À Chamalières, l’école connaît aussi des difficultés. La dissolution de la société civile de Sainte-Anne, propriétaire des lieux, intervient en juin 1905. Son directeur, Stanislas Thuaud, propose alors au Département d’acquérir l’école. Devant l’ampleur des travaux à effectuer, le Conseil général préfère donner suite à l’offre de M. Bargoin, désormais propriétaire des Gravouses, qui propose de vendre son domaine. Si la visite de ce bâtiment est concluante, le débat est cependant vif au regard des sommes à investir. Le principe de l’ouverture d’une école départementale de sourds-muets aux Gravouses est toutefois accepté.

À la première rentrée en 1908, l’école compte 55 élèves venus du Puy-de-Dôme et des départements limitrophes. Le cycle d’enseignement dure généralement 8 ans et comporte différentes matières parmi lesquelles des cours de « parole » et de « lecture sur les lèvres ». Une place importante est également réservée aux travaux manuels comme l’horticulture, la cordonnerie ou la menuiserie.

 La Première Guerre mondiale va bouleverser la vie de l’école qui ne rouvre pas ses portes à la rentrée 1914. Les lits sont réquisitionnés pour les hôpitaux, les enfants sont invités à rester chez eux, les boursiers sont autorisés à aller dans d’autres écoles. Le bâtiment sert d’abord de casernement avant de devenir hôpital militaire Saint-Gabriel en 1917.


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« Une leçon de démutisation ». Arch. dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 11949


Les enfants sont à nouveau accueillis en 1921. L’année suivante, une section spéciale pour les enfants dits « arriérés » est créée. Le nombre de ces derniers ne cessera d’augmenter dans les décennies suivantes. Ainsi en 1938, sur les 117 élèves que compte l’établissement, seulement 35 sont sourds-muets.

Comme de nombreux établissements publics, l’école des Gravouses est à nouveau réquisitionnée en 1939 pour redevenir hôpital militaire. L’école parvient tant bien que mal à fonctionner pendant les années de guerre. Quelques classes sont installées dans un pavillon laissé à disposition tandis que les enfants sont accueillis dans les familles du quartier.

Cette période est marquée en juin 1944 par une rafle de la Gestapo dans les locaux de l’école des Gravouses, devenue un foyer de résistants ; cinq d’entre eux sont déportés et mourront dans des camps de concentration.




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