L’hygiène et l’économie

de la gestion des maladies


1/ L’hygiène : un élément central de la gestion des épidémies

À partir du Moyen Âge, la médecine progresse et de nombreuses affections sont soignées. Mais un élément est à prendre en compte pour expliquer le recul de certaines maladies : l'hygiène, qui fait des progrès notables.

La rue est un dépotoir, où les conditions d’hygiène sont déplorables. En effet, le passage (voire l’élevage) de bétail, les travaux des bouchers ou des teinturiers, la rareté des latrines ainsi que la présence des enceintes font que les règles d’hygiène élémentaires peinent à voir le jour. Cependant, pour chasser l’image d’Épinal d’un Moyen Âge sale et insalubre, il convient de noter que les pouvoirs publics tentent d’appliquer des mesures pour remédier à ce problème. On se soucie de la salubrité des voies de circulation ou de l'eau (fontaines, ruisseaux, sources…). Ainsi, les rues sont pavées et des dépotoirs sont mis en place pour servir d’égout ou de décharge. Le « merdanson » (terme courant dans la partie méridionale de la France) à Montferrand désigne un ruisseau servant d'égout et qui charrie des déchets).

Les occasions particulières peuvent être l’occasion de mettre la rue dans son plus bel apparat et de la nettoyer. Au moment des fêtes religieuses, de visites solennelles (roi, gouverneur, …), on s’occupe de nettoyer l’espace public. Ainsi, en 1284, les consuls de Montferrand mentionnent dans leurs dépenses les frais engendrés pour nettoyer la place du marché et l’herbe à l’occasion de fêtes de Notre-Dame (8 septembre).


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Comptes de Montferrand de l'année 1284–1285. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II CC 156, folio 29 verso.


Le souci d’élaborer un réseau de distribution d’eau sans contamination est une constante chez les édiles municipaux des XVIIe- XVIIIe siècle. Par ailleurs, cette période voit aussi la fin des grandes carences alimentaires, et par conséquent la population devient plus robuste.

Autre progrès notable : l'apparition de la vaccination. La notion d'immunité commence à voir le jour au XIXe siècle, avec  l'idée que l'inoculation d'un germe atténué peut aider l'organisme à se défendre contre lui. Dès 1800, un français est ainsi vacciné contre la variole.


2/ Pestes, lèpres et autres affections : un impact réel sur l’économie

-          La fiscalité :

Outre les conséquences humaines dramatiques, les questions de santé révèlent aussi des enjeux économiques ou politiques. La production est désorganisée et les épidémies coûtent cher aux communautés d'habitants. Lorsque la Peste noire frappe en 1347, le royaume de France sort d’une longue période de croissance démographique et économique. Au cours des siècles précédents, les villes et campagnes se sont peuplées. Les défrichements se sont multipliés pour accroître la capacité en terres fertiles et l’essor démographique demande davantage de nourriture, entraînant une augmentation revenus des productions agricoles. Mais, au XIIIe siècle, la terre devient plus rare, les paysans voient leurs revenus baisser et de grandes famines éclatent, comme celle de 1315–1317. La Peste noire s’abat sur une population affaiblie avec une part importante de pauvres. Le témoignage de la grande peste qui a sévi en 1348 à Clermont relate l'impossibilité d'organiser l'aumône de l'Ascension faute de trouver suffisamment de personnes capables de donner de l'argent.

« En ladite ville de Montferrand ils ont coutume de faire chacun an, le jour de la fête de l'ascension de notre seigneur, une aumône, appelée la charité, à toutes manières (sortes) de pauvres qui veulent y venir, [aumône] à laquelle il vient bien environ vint quatre mille personnes et parfois plus. Et à cause de la mortalité qui a été en ladite ville, en laquelle sont mort la plus grande partie des bonnes gens qui aidaient bien à faire et à payer ladite aumône, comme pour autres causes, lesdits suppliants sont si grevés et chargés que tout bonnement ils ne pourront faire ni accomplir ladite aumône à la manière d'autrefois. »


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Lettre du roi Philippe. 9 décembre 1349 (Texte contenant la mention de la peste noire de 1348 en Auvergne). Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II GG 36


Lettre du roi Philippe ordonnant au bailli d'Auvergne de s'informer sur la demande des consuls de Montferrand tendant à utiliser le surplus des revenus de la maladrerie d'Herbet pour la distribution de l'aumône générale de l'ascension. 9 décembre 1349.

Philippe, par la grâce de Dieu roi de France, au bailli d'Auvergne ou à son lieutenant, salut. A la supplication des consuls et habitants de la ville de Montferrand, disant que par certains privilèges à eux autrefois octroyés par nous, et autrement depuis si longtemps qu'il n'est mémoire du contraire, ils sont en possession d'avoir le gouvernement et administration de la maison appelée l'infirmerie d'Herbet près Montferrand et des membres et appartenances d'icelle ainsi que d'instituer en icelle et ôter d'icelle, toutes les fois qu'il est nécessaire, un maître administrateur ou gouverneur, lequel n'y prend et ne doit prendre que sa soutenance de vivre et de vêtir ; lequel est aussi tenu de rendre bon et loyal compte de ladite administration aux dits suppliants, toutes les fois qu'il leur plait, pour tourner et convertir le demeurant (le reliquat) aux pauvres et aux bonnes œuvres de charité ; et que en ladite ville de Montferrand ils ont coutume de faire chacun an, le jour de la fête de l'ascension de notre seigneur, une aumône, appelée la charité, à toutes manières (sortes) de pauvres qui veulent y venir, [aumône] à laquelle il vient bien environ vint quatre mille personnes et parfois plus. Et à cause de la mortalité qui a été en ladite ville, en laquelle sont mort la plus grande partie des bonnes gens qui aidaient bien à faire et à payer ladite aumône, comme pour autres causes, lesdits suppliants sont si grevés et chargés que tout bonnement ils ne pourront faire ni accomplir ladite aumône à la manière d'autrefois si, par Nous, il ne leur était fait aide et secours, [les consuls] suppliants [donc] qu'il nous plaise que [une fois] la maison [d'Herbet] soutenue et l'hospitalité faite comme il est acoutumé (de coutume) et le vivre et le vêtement dudit maître et gouverneur payé, que le demeurant des émoluments fussent convertis à ladite charité chacun an, perpétuellement. Nous, voulant être informés de la chose, comment elle est et quel profit ou dommage elle pourrait nous porter ainsi qu'au pays, nous vous mandons que vous vous informiez bien et diligemment sur ces choses, quel profit ou dommage ce serait pour nous et ledit pays, et que vous renvoyiez, féablement encloz (fidèlement clos) sous votre scel (sceau), l'information que vous aurez faite avec votre avis sur le tout, par devers nos aimés et féaux (fidèles) gens des requêtes de notre hôtel afin que nous puissions leur en faire telle grâce comme bon nous semblera, ladite information et votre avis vue par nos dits gens et à nous rapporté par eux. Donné à Notre Dame des Champs lez Paris, le IXe jour de décembre l'an de grâce mil CCC quarante neuf.


Un siècle plus tard, le roi Charles VII accorde une réduction d'impôt de 300 livres à Clermont en raison du grand nombre de morts de la peste.


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Lettre du roi Charles VII accordant à Clermont une réduction de 300 livres sur l'aide levée en Basse-Auvergne en raison de la grande mortalité et du dépeuplement de la ville. 12 août 1430. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 I CC 1


Charles, par la grâce de Dieu roi de France, à notre aimé et féal (fidèle) maître Régnier de Boullegny, général conseiller sur le fait et gouvernement de toutes nos finances, salut et dilection. Nous vous faisons savoir qu'à la requête de notre aimé et féal conseiller l'évêque de Clermont, et aussi en considération de la grande et excessive mortalité qui, depuis naguères, a été bien longuement et est encore en sa ville de Clermont, dont elle est très dépeuplée par la mort et absence de plusieurs des habitants d'icelle, nous avons quitté, remis et donné aux bourgeois, manants et habitants d'icelle ville de grâce spéciale, la somme de trois cent livres tournois sur leur impôt et portion de l'aide dernièrement imposé au bas pays d'Auvergne pour le fait de notre passage et pour la conduite et entretenement (entretien) de notre présente armée.


À noter que la décroissance du milieu du XIVe siècle a eu pour conséquence l’abandon de nombreux villages et une progression de la forêt,  avant un nouveau défrichement à partir de la fin du XVe siècle. En 1532, un  mémoire daté du 6 décembre est présenté aux élus et autres commissaires pour le département des tailles par les consuls de Montferrand pour obtenir une diminution de feux : « il y a 40 ans, lors de la dernière revue des feux, la ville était beaucoup plus peuplée, la diminution du bailliage, les pestes, etc., ont fait partir beaucoup d’habitants; la ville portée à 240 feux n’en peut plus porter que cent vingt, comme on peut le voir par les rôles » (Pièces diverses d'imposition. 1506-1546. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II CC 9)

-          Des dépenses municipales notables et une implication forte des autorités municipales :

Les dépenses publiques sont fortement touchées par les différentes épidémies ou pandémies. En temps de peste, les autorités sont contraintes de recourir aux impôts afin de faire face aux dépenses nouvelles.


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Lettre du roi Charles IX. 10 avril 1565. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 I CC 1


Lettre du roi Charles IX autorisant les échevins de Clermont à imposer et lever une somme d'environ 11000 livres pour rembourser divers emprunts, dont l'un contracté pour les dépenses en temps de peste. 10 avril 1565.

Charles, par la grâce de Dieu roi de France, au sénéchal de Clermont en Auvergne ou son lieutenant et élus dudit lieu, salut. Nos chers et bien aimés les échevins et conseillers de ladite ville ont fait dire et remontrer que durant les derniers troubles ils ont emprunté la somme de 1791 livres, 2 sous, 11 deniers qu'ils ont employée à la réparation et fortification de ladite ville. Ils ont aussi employé en artillerie et munitions de guerre la somme de 1605 livres, 11 sous, 1 denier.

Depuis, pour la contagion de peste advenue en ladite ville et lieux circonvoisins (environnants), pour préserver les sains, faire panser et médicamenter les malades hors de ladite ville et les nourrir ainsi que ceux qui les pansaient, ils ont emprunté et employé la somme de 5292 livres, 16 sous, 6 deniers.

Et pour le défaut des blés, advenu après lesdits troubles, en l'an 1563, pour sustenter et nourrir les pauvres affluant ordinairement en ladite ville et continuer l'aumône générale qu'il est acoustumée (de coutume) faire en icelle, ils ont acheté grande quantité de blé. Outre cela, ils ont fait plusieurs autres frais pour les affaires depuis survenues en ladite ville. Ils se sont obligés et endettés envers plusieurs personnes auxquelles ils n'ont moyen de satisfaire sans en faire assiette sur tous les habitants de ladite ville, tant d'église que autres privilégiés et non privilégiés, et pour cela avoir de nous lettres de permission (de lever un impôt). C'est pourquoi, nous avons permis et octroyé aux dits suppliants d'asseoir et imposer, cueillir et lever ladite somme de 11000 livres, et ce sur tous les habitants d'icelle ville, de quelque état et qualité qu'ils soient, pourvu que la plus grande partie d'iceux y consentent, que nos deniers n'en soient pas retardés et que celui qui fera recette desdits deniers sera tenu en rendre compte.


Imposition sur tous les habitants de la ville, y compris les exempts et privilégiés, pour la nourriture des malades et soup­çonnés de la peste, en deux rôles, 485 écus 30 s.

Comptes des consuls. 1580. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II CC 269


Les archives des consuls montferrandais témoignent du rôle municipal dans la gestion sanitaire, politique et économique des épidémies qui ravagent le pays. Soucieux de gérer leurs dépenses, ils notent les salaires attribués aux habitants dont les fonctions sont liées à la gestion des maladies contagieuses (corbeaux, médecins, soignants, hallebardiers, gâtiers et autres).


« Si le signifitcavit de Rome obtenu par l’abbaye de Saint-Allyre contient les dîmes, on soutiendra l’opposition formée contre lui; on surseoira aux réparations, « considéré le temps qui court » ; on ne fera point d’aumône générale ; le blé de la Charité sera distribué aux pauvres infects, si la maladie « pullule » ; on ne fera point de procession à Manglieu, ni aucune assemblée de gens ; on fera un rondeau de cire contenant la dimension du tour de la ville et on le fera brûler devant la chapelle de Notre-Dame ; on fera dire une ou deux messes votives ; on donnera deux hallebardiers au capitaine de la ville; on donnera 10 liv. environ au médecin s’il reste; — 8 et 28 novembre; conseils : tous les malades ou suspects de peste seront tenus de rester enfermés dans leurs maisons, et, s’ils sortent, ils seront chassés de la ville au moins de scandale possible; on interviendra au procès fait à Jean Ayat, serviteur de la ville, par Me Jean Rudin, ledit Ayat ayant agi comme il a été décidé ci-dessus ».

Procès-verbaux de consulats. 12 avril 1526. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II BB 10


Le cahier des comptes des consuls de Montferrand de 1504 fait état des dépenses à G. Liabeuf et L. La Roze "pour la garde des portes de l’Hôpital et de Bise pendant le mois d’août, à cause des gendarmes et de la peste, à chacun, 15 sols". (Pièces de compte. 1504. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II CC 380)


Don du roi à causé de la peste, pour 1503, 80 liv  (…) acquisition d’un jardin, louage et intérêt de la grange où l’on mit les malades de la peste et pour autres affaires, 17 liv. 17 s. 5 den.; dépense quand le bailli vint prendre possession, en tout, 91 liv. 4 s. 10 den.; part de la ville dans la dépense du voyage fait à Lyon près du roi, en octobre, par l’abbé de Clermont, jean Pradal et un consul d’Issoire pour avoir un rabat de tailles à cause de la peste, 12 liv. 15 s.

Comptes des consuls. 1503. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II CC 218

au chapitre pour avoir dit la Passion et fait plusieurs processions pour le bien de la paix et l’inconvénient de là peste, 6 liv.

Comptes des consuls. 1505. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II CC 220

à Messire Antoine Pelisson, prêtre, pour fin de tout ce qui lui était dû (par les anciens consuls) pour avoir servi les habitants pendant la peste, 12 liv. 10 s +  à Antoine Lazanier et à son fils pour avoir porté en terre tous ceux qui sont trépassés de peste durant ladite année, pour avoir nourri aux frais de la ville trois petits enfants et pour autres grands services, en nettoyant les portes, jetant hors la ville les draps des infects, et les bêtes mortes, 38 liv. 5 s.

Comptes des consuls. 1506. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II CC 221

4 septembre : 2 messes votives, l’une en l’honneur de Saint-Sébastien à N.-D., et l’autre en l’honneur de Saint-Roch aux Cordeliers

Comptes des consuls. 1529. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II CC 243


-          un fonctionnement politique perturbé :

Les assemblées telles que le Tiers-État des pays de Basse-Auvergne voient leur fonctionnement perturbé, en partie concernant la possibilité de la tenue des réunions. De nombreux documents témoignent de l’impossibilité de se réunir, de l’exclusion de certains députés des assemblées en raison de la présence de peste dans leurs villes. Par exemple, en 1565, le procès-verbal de l’assemblée du Tiers-Etat de basse-Auvergne mentionne que «  les députés d’Aigueperse, venus à Clermont, n’ont pas été admis à l’assemblée, à cause de la peste qui règne en leur ville : leurs frais leur seront payés.» (Copie de procès-verbaux des États provinciaux. 1565. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II AA 54).
De la même manière, la  convocation du 16 décembre 1586 pour le 28 décembre révèle « qu’il n’y avait point eu d’assemblées depuis le mois de juin, à cause d’une maladie contagieuse régnant à Clermont » et que «  les villes n’ont point reçu cette année les copies des séances à cause du danger de maladie advenu en la maison du secrétaire Cournol.» (Convocations, répartitions et pièces diverses des États provinciaux. 1585-1586. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II AA 41).

Ces situations crispent les relations entre les villes. Les commerçants d’un lieu « suspecté de contagion » sont interdits de marché (et donc de vente de leurs produits) dans les cités voisines. Consuls et échevins s’opposent, parfois s’empoignant physiquement, au sujet de l’exclusion de tel représentant lors d’une assemblée, du refoulement de marchands de l’entrée de certains marchés voisins. Les rivalités s’exacerbent et, bien entendu, les cités de Riom, Clermont et Montferrand en profitent pour régler leurs comptes.


15 janvier : les consuls placeront le lendemain des personnes sur les avenues de la ville pour annoncer que le marché se tiendra ce jour-là sur la Rodade; les vachers seront priés d’y mener leur bétail et il sera ce dit jour, vendredi, dorénavant défendu de vendre ou acheter ailleurs qu’à la Rodade; les consuls et notables de Montferrand se rendront à Cebazat et à Riom supplier MM. des Aides de revenir dans la ville, remontrant que leur absence encourage les autres villes à ne point fréquenter Montferrand, que Clermont a déjà usurpé les marchés et s’efforce d’usurper les foires prochaines des Provisions et de la mi-carême; il sera proclamé en place des Taules, que ceux qui ont quitté la ville sous prétexte de la contagion aient à y revenir dès demain à peine, de 50 écus d’amende; — 18 janvier; les consuls et plusieurs autres délégués se sont transportés à Riom devant M. le président Combes et M. le conseiller Gorrut lesquels ont répondu, le président qu’il était prêt à rentrer quand les conseillers rentreraient, et M. Gorrut qu’il reviendrait lundi; les consuls de Riom ont demandé trois jours avant de décider s’ils permettraient l’entrée de leur ville à ceux de Montferrand; à Cebazat (…) ; plusieurs habitants ont demandé huit jours avant de rentrer : on attendra seulement trois jours avant l’exécution des amendes  — 21 janvier; on fera garde aux portes, on interdira l’entrée à ceux de Clermont, de Vic-le-Comte et autres lieux où est la contagion, on ira de nouveau auprès de MM. les Aidés les supplier de revenir; on priera M. de Saint-Hérent d’intervenir pour mettre fin à l’usurpation des marchés, de la ville par ceux de Clermont. André Merindel et Mme de Beaulieu seront contraints à parfumer leurs maisons ; les consuls de Vic-le-Comte ont demandé le désinfecteur (…); la messe de paroisse sera célébrée à Saint-Robert et les baptêmes administrés à Notre-Dame; la ville prendra la cause du vicaire, s’il est inquiété pour ce ; les portefaix seront désinfectés, ceux qui ont été ou seront désinfectés ne devront point fréquenter les lieux publics ; on fera exécuter les absents, sauf MM. des Aides, pour le paiement des amendes qu’ils ont ainsi encouru ; — 23 janvier; M. de Combes a promis de revenir le 27 janvier; M. le conseiller Gorrut qui est de retour ira avec d’autres à Riom chercher dimanche la réponse à la demande faite par les consuls de laisser entrer dans Riom les habitants, de Montferrand ; il sera permis à la fiancée de Pierre Bourrier, laboureur, laquelle est à Clermont, d’entrer dans la ville pour se marier;— 27 janvier; Riom a refusé de recevoir les habitants de Montferrand jusqu’au jour où on leur permettra l’entrée de Clermont et où la Cour des aides sera réinstallée(…); les consuls iront à Clermont et Riom demander l’entrée pour ceux de leur ville ; ils iront aussi à Chateaugay prier M. de Florat de venir dîner à Montferrand, afin de voir qu’il n’y a plus de maladie; M. le président et deux conseillers de la Cour des aides seront priés de venir conférer au palais avec deux des consuls, pour aviser aux moyens de rétablir les marchés et foires; (…)

 

20 mars ; M. Roussel, de retour, a obtenu des lettres confirmant les privilèges des foires, et d’autres mandant aux trésoriers généraux d’informer sur la maladie contagieuse ; on conservera la possession de la foire de la mi-carême, mais l’on n’ira point prendre la marchandise sur les avenues : « pour le danger qui en peult advenir » ; ceux de Saint-Amand, du Crest et autres pourront entrer, s’ils apportent une attestation des consuls de Riom comme quoi ils entrent en leur ville ; les principaux de Clermont et leurs facteurs entreront avec un passeport ; ceux de Cebazat, Gerzat, Blanzat, etc., et autres villages non soupçonnés entreront librement ; on emprisonnera Jean Gayme, dit de Sarre, vacher de cette ville, qui dit que la maladie est en la ville plus forte que jamais; — 23 mars; M. Coulon, que plusieurs de ses parents sont venus chercher, aura permission d’aller en son pays en promettant de revenir dans trois semaines où un mois ; on fera retirer les laboureurs de la place des Taules, et on les fera se tenir place des Quartes au-dessous du marché au blé et au-devant des Cordeliers ; les consuls enverront des crieurs sur les avenues de la ville pour y faire venir la marchandise ; tous habitants débitant vin en taverne ou cabaret en donneront une pinte aux pauvres d’Herbet à chaque vente, quand bien même le vin n’aurait pas été crié, et pour chaque criée de vin le crieur aura 6 deniers; à l’avenir les malades d’Herbet n’entreront plus dans la ville, mais seulement les femmes qui font la quête pour eux 

les consuls s’opposeront aux procès de mortaille faits par le châtelain, là où il n’y a pas de mineurs pour le remboursement des drogues et nourriture fournies par la ville à ceux qui sont décédés de la maladie contagieuse

16 juin ; le gouverneur qui est à Clermont viendra cette semaine dans la ville : M. Delmas lui offrira les clés de la ville accompagné des consuls et de la meilleure compagnie qui se pourra, il ira l’attendre jusqu’au clos de Poulard (maintenant le Pollard) ; M. Jadon ramassera le plus grand nombre d’arquebuses possible et l’on fera tirer toutes les pièces d’artillerie, les prêtres chanteront le Te Deum en musique ; les consuls feront apprêter à M. de Randan un souper ou un dîner, suivant l’heure, et le logeront chez Mme de Beaulieu ou autre plus beau logis, s’ils en peuvent trouver ; on recevra Annet Merle, de la Tour, ci-devant régent de Verneuil en Bourbonnais, 12 juillet; en l’absence du secrétaire Belletier, M. Mazoiras rédigera le présent consulat; les défenses de fréquenter les villes suspectes seront renouvelées à peine d’amende et d’être privé de frayer pendant trois mois avec ceux de la ville ; l’entrée de la ville sera refusée à tous les gens suspects 

Biaise Barjot, meunier du moulin de Las Farrias, demande à être récompensé du tort fait à son moulin par le voisinage des infects étant en la grange de Biaise Dumont : il lui a déjà été donné 7 sextiers de blé; 

26 juillet ; rapport de M. Dumas de retour de sa légation ; il a obtenu des lettres patentes exemptant la ville de deux quartiers de taille de tous deniers royaux, sauf du taillon : si l’on ne peut obtenir des trésoriers généraux une surséance pour les deniers restant à payer et que les 500 écus de la subvention soient compris dans l’exemption, on en écrira à M. Dalmas pour avoir des lettres de déclaration ; on lui demandera aussi de prendre garde si ceux de Clermont présentent au Parlement des lettres leur permettant de vendre du bétail à leurs marchés du mercredi ou samedi; aussi de tâcher d’obtenir une décharge plus ample ; 

M. Gilles de Crestemond venant du Crest, où il a soigné les malades, s’est vu refuser l’entrée : les consuls ont bien fait, ainsi que de brûler certains paniers contenant des onguents et meubles que ledit Crestemond avait déposé dans le jardin d’Antoine Sandier pour les faire entrer subrepticement ; l’entrée lui sera interdite pour six mois, et sa femme et ses enfants ne pourront sortir de trois semaines de leur maison ; il n’y aura qu’une porte ouverte, etc.

Procès-verbaux de consulats. 1579. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II BB 25


Procès-verbaux des assemblées des bonnes villes. Maringues, les 16 et 17 janvier, au logis de sire Pierre Montauld ou était le comte de Randan, gouverneur d’Auvergne; les échevins de Clermont protestent contre le lieu de la réunion et contre d’autres assemblées faites à Riom et à Montferrand; les délégués des autres villes répondent que les assemblées de Riom et de Montferrand ont été tenues à cause du danger de peste à Clermont et pour urgentes affaires, auxquelles les échevins ne donnaient ordre et sans préjudice des droits de Clermont.

Copie des procès-verbaux des assemblées des bonnes villes. 1580. Arch. dép. Puy-de-Dôme, E-dépôt 113 II AA 59




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