Jean Piollet

Si le cinéma en tant qu’art, au format 35mm, est officiellement né en 1895, il faut attendre les années 1920 pour que se développe une branche encore trop méconnue de ce mode d’expression : le cinéma d’amateur.


Jusqu’en 1922, le cinéma domestique est avant tout projeté : l’entreprise Pathé commercialise dès 1912 un projecteur « Pathé-Kok », qui fonctionne avec une bande ininflammable de 28mm de large. Un catalogue de films –fictions, documentaires éducatifs, etc.– est proposé pour du « cinéma chez soi ». En revanche, en raison du coût et de la rareté du matériel, peu d’amateurs peuvent réaliser leurs propres films.

 

Tout change avec le format 9,5mm à perforation centrale, développé en 1921 sur la base de l’intuition de Charles Pathé. En décembre 1922 est commercialisé le projecteur à manivelle « Pathé-Baby » utilisant cette largeur de bande accompagné lui aussi d’un catalogue de films. Et surtout, lors des fêtes de Noël 1923, est mise sur le marché la caméra « Pathé-Baby » à manivelle et cassette métallique à bande 9,5mm, qui devient la première caméra de format réduit destinée aux amateurs.


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@Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds Jean Piollet, 13 AV 3


Jean Piollet (1910-1999), issu d’une famille auvergnate aisée, reçoit sa caméra « Pathé-Baby » dès 1925. Le jeune homme se met à chroniquer la vie de sa famille et observe les habitants de son village de Ternant ; adulte, devenu médecin, il ajoute à ses images du Puy-de-Dôme et des montagnes d’Auvergne des reportages de ses vacances en de nombreux lieux de France et de ses voyages à l’étranger.


Les extraits proposés ici proviennent du film le plus ancien du fonds Piollet qui nous soit parvenu. Réalisé à la toute fin de l’année 1925 et en janvier-février 1926, noir et blanc et muet, il est impressionné sur une bande d’environ 120 mètres de longueur. Si l’on y perçoit la maladresse du cinéaste en herbe –flous, mouvements saccadés, approximations diverses-, on peut déjà y apprécier la curiosité et le souci de la composition de l’amateur éclairé en devenir. À Ternant, loin de se cantonner à sa famille, il filme aussi les paysans au travail ; à Clermont-Ferrand, en sus des fantaisies de ses proches, il capte la vie sur la place de Jaude. Son regard est déjà en quelque sorte « documentaire », et ces extraits représentent un précieux témoignage de la vie des Auvergnats durant l’entre-deux-guerres.

 

Le fonds Piollet comporte aujourd’hui 64 films, sur bandes 9,5mm (années 1920-fin années 1940), 8mm (années 1950-1960) et Super-8 (années 1970-1980).  Confié aux Archives départementales du Puy-de-Dôme par les enfants de Jean Piollet, ce fonds cinématographique est celui, parmi ceux qui y sont conservés, qui couvre la plus longue période du XXe siècle ; c’est aussi l’un des plus riches.


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Film de Jean Piollet "Ternant - Villa Saint-Amable - Rue Blatin", (1925-1926)

Arch. dép. Puy-de-Dôme, 13 AV 3




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