La Sainte-Cécile, fête des musiciens et des sociétés musicales

Les sociétés musicales, vocales et instrumentales qui se multiplient au cours du XIXe siècle contribuent, qu’elles soient laïques ou non, à populariser la fête de sainte Cécile, patronne des musiciens. La Sainte-Cécile est pour elles l’occasion de se mettre en scène, d’affirmer leur identité, d’afficher leur cohésion, et même de transgresser provisoirement quelques normes.


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L’Union Musicale de Marsac-en-Livradois, Sainte-Cécile 1946. ©Arch. dép. Puy-de-Dôme, 502 Fi 297


La vie de la vierge martyrisée à Rome au tournant des IIe et IIIe siècle, telle qu’elle est rapportée à partir du VIe siècle et jusqu’à La Légende dorée de Jacques de Voragine (XIIIe siècle), n’a pourtant aucun lien avec la musique. C’est une antienne (refrain) composée au cours du Moyen Âge pour la liturgie de sa fête qui, mal interprétée, fonde sa relation avec l’art vocal et instrumental. La généralisation du patronage des saints, les profondes transformations de la théorie, de l’écriture et de la pratique musicales font le reste, si bien qu’à partir de la seconde moitié du XVIe siècle sainte Cécile est la patronne incontestée de la musique et des musiciens  ; sa fête, le 22 novembre, est devenue la leur.

 

Dès le XIXe siècle, les sociétés musicales sont moins attachées au strict respect de cette date, qui ne coïncide pas nécessairement avec un jour de repos, qu’à son inscription dans une période festive comprise entre mi-novembre et fin décembre, voire janvier. Cet étalement dans le temps stimule la convivialité : les sociétés, que rapprochent activités,  affinités ou  implantation, échangent des invitations, envoient et reçoivent des délégations, ou se regroupent, parfois hors du champ strictement musical ; il n’est pas rare, par exemple, que musique et compagnie de sapeurs-pompiers se retrouvent pour fêter leurs patronnes respectives, sainte Cécile et sainte Barbe (le 4 décembre).

 

Si le programme et la durée de la fête ont évolué (la messe en musique, la cérémonie au monument aux morts ne sont pas systématiques), il n’est pas de Sainte-Cécile sans spectacle musical public (défilé ou, de nos jours, concert), cérémonie de remise de diplômes et médailles ni banquet, généralement suivi d’un bal.

 

Incontournable, la photographie de groupe est le moyen privilégié de fixer et de solenniser ce temps fort de la vie associative. L’Union Musicale de Marsac-en-Livradois est ici immortalisée  pour la Sainte-Cécile 1946 par le photographe local Marius Force, devant le restaurant où se tient le banquet. Tous les éléments identitaires sont mis en avant : trophée d’instruments de musique au premier plan ; musiciens - tous des hommes, les quelques femmes présentent sont les cuisinières de l’établissement – alignés sur trois rangs, en tenue « du dimanche » (costume sombre, chemise blanche, cravate, et, pour certains, casquette), accompagnés des édiles et membres honoraires ; bannière dominant le groupe, affirmant l’identité, l’ancienneté et donc la pérennité de la société musicale.


Bibliographie :

« Puy-de-Dôme en musique ! Les sociétés musicales dans le Puy-de-Dôme de 1869 à nos jours », coll. Regards sur…, n°3, Archives départementales du Puy-de-Dôme, 2019.

« Marius Force, photographe de campagne. », coll. Patrimoine Photographique en Auvergne, n°1, Archives départementales du Puy-de-Dôme, 2005.


L’Union Musicale de Marsac-en-Livradois, Sainte-Cécile 1946.  Photographie de Marius Force.

Arch. dép. Puy-de-Dôme, 502 Fi 297




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