Les armoiries de Clermont

Sous l'Ancien Régime, certaines villes jouissent de privilèges et protections octroyés par le roi de France, assortis de l'obligation de contribuer au ban royal en fournissant un contingent d'homme d'armes et d'être représentées au sacre du roi. Ces villes portent le titre de bonne ville. 


La Révolution française abolit cette coutume, et dans le même temps de nombreuses villes perdent leur blason qui arborait les signes de la royauté. Les armoiries des villes sont bien entendu différentes d’une ville à l’autre, même si certains symboles se retrouvent parfois sur certains blasons. Au Moyen Âge, le blason azur à la croix et aux fleurs de lis est adopté par la ville de Clermont.

Un nouveau statut de bonne ville, largement honorifique, est recréé sous le Premier Empire.

Napoléon Ier créé la noblesse d’Empire et par la même occasion accorde à cette dernière le droit d’arborer des armoiries avec un règlement héraldique différent de celui appliqué sous l'Ancien Régime. L'idée est de pouvoir renouer avec la tradition héraldique. Un armorial représentant à la gouache les blasons des 259 villes françaises ainsi que plusieurs villes étrangères de l’Empire est alors constitué, tandis que  des lettres patentes sont délivrées pour autoriser les villes à utiliser leurs armoiries.

Le 17 mai 1809, le décret qui accorde aux villes le droit d'obtenir des armoiries, précise qu’il faut avoir obtenu l'autorisation de l'Empereur. Les armoiries sont soumises une codification précise, par exemple, l’abeille remplace la fleur de lis, symbole de la royauté. En outre, sous l’Empire, les villes sont classées en trois catégories : les maires des villes des deux premières classes étaient nommés par l’Empereur (ceux des villes de première classe assistaient au sacre), alors que les maires des villes de 3e classe sont nommés par le préfet. Cette distinction apparaît dans les armoiries. Ainsi, les armes des bonnes villes ainsi recréées, que les maires représentent lors du sacre, porteront « un chef de gueules chargé de trois abeilles d'or posées en fasce, avec pour ornements extérieurs une couronne murale à sept créneaux sommée d'une aigle naissante d'or pour cimier, soutenue d'un caducée de même auquel sont suspendus deux festons servant de lambrequins, l'un à dextre de chêne, l'autre à senestre d'olivier aussi d'or, noués et rattachés par des bandelettes de gueule. »


 

 

 

Lettre patente accordant à la ville de Clermont-Ferrand le droit d’obtenir des armoiries par Napoléon Ier. (3 E 113 Dep I AA1)


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Lettre patente accordant à la ville de Clermont-Ferrand le droit d’obtenir des armoiries par Napoléon Ier. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3 E 113 Dep I AA1


Le document est un parchemin, dont l’utilisation a quasiment disparu au XIXe siècle, ce qui souligne le prestige du texte.

Il débute par « Napoléon par la grâce de Dieu empereur des Français, roi d’Italie, protecteur de la confédération du Rhin, médiateur de la confédération suisse, à tous présents et à venir. Salut. » Ce préambule reprend les usages médiévaux et modernes des lettres patentes avec l’incipit qui présente l’autorité, auteur du texte, ainsi que ses titres. Au bas du document, figure la signature de Napoléon.

Le texte en lui-même évoque le décret de 1809 autorisant les villes à adopter des armoiries et que la demande faite par la ville de Clermont-Ferrand a été étudiée par le Conseil du sceau des titres.

Le sceau pendant, de couleur rouge, porte également les symboles de l’Empire : Napoléon 1er apparaît sur son trône, tenant le sceptre (bâton de commandement et signe d’autorité) dans la main droite, et la main de justice dans la main gauche ; il est surmonté d’une couronne. Un aigle, emblème de la Rome impériale, associé aux victoires militaires, est aussi représenté. Il est entouré par le collier de la légion d’honneur (créée par Napoléon, le 29 floréal an X -19 mai 1802- pour récompenser les services civils et militaires).


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Blason. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3 E 113 DEP fds 1aa1


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Sceau. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3 E 113 DEP fds 1aa1

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Sceau (revers). Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3 E 113 DEP fds 1aa1


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Signature de Napoléon. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3 E 113 DEP fds 1aa1


    


Lettre patente accordant à la ville de Clermont-Ferrand le droit d’obtenir des armoiries par Charles X. (3 E 113 Dep I AA1)


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Lettre patente accordant à la ville de Clermont-Ferrand le droit d’obtenir des armoiries par Charles X. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3 E 113 DEP fds 1aa1


Lors du retour au pouvoir des Bourbons, certaines villes (ou familles) reprennent leurs armes initiales, d’autres les modifient simplement. Charles X est monté sur le trône en 1824, à la mort de son frère Louis XVIII, et a renoué avec la tradition du sacre. Celui-ci se tient le 29 mai 1825 en la cathédrale de Reims. Ce sacre reprend les phases principales du cérémonial de l'Ancien Régime, avec certains changements, comme le serment prêté par le roi à la Charte de 1814. Les villes ont le privilège d'envoyer leur maire au sacre du roi, et peuvent mettre un chef avec une fleur de lis dans leurs armoiries.

Le document s’ouvre sur la formule inspirée de l’Ancien Régime « Charles, roi de France et de Navarre. A tous présents et à venir. Salut. »

Après un passage mentionnant l’obtention des armoiries en 1814, les lettres patentes du roi Charles X autorisent les armoiries suivantes : « d’azur à une croix d’or vidée de gueules, et cantonnée de quatre fleurs de lys d’or lesquelles armoiries ont été ainsi réglées par l’édit du roi de 1696. »

 

On peut noter que ce blason constitue toujours les armes officielles de la ville.

Le parchemin est authentifié par un sceau royal de couleur verte et la signature manuelle du roi et du garde des sceaux (héritier du chancelier royal). Charles X a repris dans un sceau en majesté, une iconographie proche de l'Ancien Régime, avec des fleurs de lis. 


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Blason. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3 E 113 DEP fds 1aa1


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Sceau. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3 E 113 DEP fds 1aa1

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Sceau (revers). Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3 E 113 DEP fds 1aa1


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Signature Charles X. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3 E 113 DEP fds 1aa1


     


 

 

 

Conclusion

Les documents présentés ont été conservés dans des étuis métalliques prévoyant un conditionnement en fer blanc pour les sceaux. On peut constater l’importance de l’héraldique et des sceaux depuis le Moyen Âge. Héritiers de cette période, ces documents nous informent non seulement sur les armoiries de la ville de Clermont-Ferrand, mais aussi sur la persistance d’usages diplomatiques anciens repris par Napoléon et Charles X. Sceaux, parchemins, formules employées témoignent en effet de ce souci de se référer à l’Ancien Régime.

Notons au passage que l’une des fonctions de garde des sceaux, ministre de la justice est aussi de garder les sceaux de la République. Dépositaire de tous les sceaux, ceux des rois comme des régimes antérieurs, il garde le sceau de la Ve République, dont le Grand Sceau de France,qui sert, de nos jours, à sceller certains actes constitutionnels. Par ailleurs, c’est à la Chancellerie que l’on conserve la presse à sceller appelée aussi la machine Cambacérès (qui l’avait commandée sous Napoléon Ier). Le sceau officiel républicain est relativement grand (12,5 cm de diamètre) et sa matrice précieusement conservée aux Archives nationales. 


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Etuis métalliques en fer blanc pour les sceaux. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 11_etui.


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Etuis métalliques en fer blanc pour les sceaux. Arch. dép. Puy-de-Dôme

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Etuis métalliques en fer blanc pour les sceaux. Arch. dép. Puy-de-Dôme




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