Les boeufs

Le 18 octobre 2020 disparaissait Georges Sénéchal, dont les Archives départementales conservent depuis 2018 cinq courts-métrages au format 35mm., réalisés entre 1972 et 1975. Originaire de région parisienne, il a longtemps conservé des liens avec le Livradois, et a consacré un de ses courts-métrages autoproduits au débardage du bois dans les forêts de Vertolaye.



Né en 1931, Georges Sénéchal découvre très jeune la poésie dans la librairie d’Aulnay-sous-Bois rachetée par le poète Serge Wellens, avec qui il participe en 1954 à la création d’une revue, Les Cahiers de l’Orphéon. Après les poèmes, il en vient à la critique de cinéma, activité qui lui permet la rencontre décisive de Claude Chabrol. Ce dernier le convainc de passer à la réalisation, et lui prête pour ce faire une caméra Reflex avec laquelle il fait ses premiers pas en cinéma avec un film sur l’île d’Ouessant, L’île (film perdu). Assistant pour la télévision, il côtoie Monique Chapelle, qui lui présente Jean-Pierre Mocky. Pris de sympathie pour lui, ce dernier l’embauche sur quatre de ses films : Un drôle de paroissien (1963), La grande frousse (1964), La bourse et la vie (1965) et Les compagnons de la Marguerite (1967).


Georges Sénéchal connaît un nouveau tournant à partir de mai 1968 : dans la mouvance du cinéma au service des travailleurs, il réalise dans les années 1970 de nombreux films professionnels pour différentes entreprises. Ainsi écrit-il des scenarii, avec « beaucoup de liberté » selon ses termes, de films pédagogiques dans le tournage desquels il dirige des comédiens. En parallèle de cette activité et à l’appui de son expérience de réalisation, il produit et réalise cinq courts-métrages qui constituent son œuvre personnelle : Géronimo (d’après les Mémoires de Géronimo, de François Maspéro, 1972), Les bœufs (1973), Carnet trouvé chez les fourmis (adaptation de la nouvelle de Jean Rousselot, Les heureux de la terre, 1973), Maman Jones (à partir de la pièce de théâtre de Catherine de Seynes, 1974) et Pique-nique en campagne (d’après la pièce de Fernando Arrabal, 1975). Il reçoit plusieurs prix pour ses courts-métrages et Carnet trouvé chez les fourmis est même projeté hors-compétition au Festival de Cannes en 1974, reconnaissance suprême.


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Georges Sénéchal, lors d'un entretien filmé chez lui, à Ambert, en janvier 2018.


Parmi ses films « personnels », Les bœufs est le seul film à valeur documentaire. Il s’agit aussi de sa seule réalisation connue qui concerne le Puy-de-Dôme. Tourné en octobre 1973, ce film est d’abord l’idée de l’assistant-réalisateur de G. Sénéchal, Jean-Paul Vauban, qui, au cours de ses discussions avec Benoît Tarrit, découvre dans la pratique de son métier, le débardage du bois avec des bœufs, une profonde charge dramatique. A la caméra, le chef-opérateur de Fernando Arrabal, Ramon Suarez, assume l’héritage du cinéma direct des années 1960, caméra à l’épaule et proche de son sujet. Tourné en une journée et demie, pour conserver toute la spontanéité de l’action, ce court-métrage montre le personnage principal et un compère dirigeant des bœufs en des lieux escarpés des forêts des hauts de Vertolaye, afin de débarder, non sans embûches, d’immenses arbres tronçonnés. Il en résulte un film puissant, qui montre la relation d’hommes tout à la fois âpre et respectueuse de la nature.

 

Les bœufs avait été présenté plusieurs fois en Livradois-Forez depuis 1973, et Ciné-Parc et le centre culturel Le Bief avaient rendu hommage à Georges Sénéchal en projetant en juin 2016 ses cinq courts-métrages des années 1970 à la salle culturelle de Saint-Amant-Roche-Savine. Le film présenté ici est la numérisation ré-étalonnée d’une des deux copies des Boeufs conservées par les Archives départementales du Puy-de-Dôme.


 

Georges Sénéchal, Les bœufs (1973).

Arch. dép. Puy-de-Dôme, 41 AV 2

Visionnez le film "Les bœufs (1973)"




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