Les joies de la baignade au XIXe siècle

Là où se dresse aujourd’hui le bâtiment de l’imprimerie de la Banque de France à Chamalières, Édouard Chapon, jardinier résidant dans la commune né en 1857, fait creuser au milieu des années 1880 deux bassins. La « Piscine Chapon », consacrée aux activités aquatiques et de plein air, offre pendant plusieurs décennies la joie des écoliers de l’agglomération clermontoise et des sportifs.


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Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds Gilbert Rouchon, 10 Fi 1228


L’apprentissage de la natation est encore rudimentaire à la fin du XIXe siècle en France : il consiste à exécuter des mouvements à plat-ventre sur un tabouret, mais rarement dans l’eau. La population est peu nageuse, et les piscines sont rares.

Au milieu des années 1880, Edouard Chapon fait l’acquisition de «l’Enclos Beaurepaire », pré-verger de 4 hectares, propriété depuis le XVIIIe siècle de la famille Pellissier de Féligonde. Sur ce site sont creusés les bassins de la « piscine Chapon » ou « École de Natation de Beaurepaire », alimentés par une source à 10°C, température relativement fraîche quand on sait que la plupart des sources traversant la commune sont plus tempérées (entre 19 et 34°C).

D’abord commerçant, le « Docteur » Édouard Chapon devient directeur de l’école de natation, baigneur (équivalent de maître-nageur) et professeur de sports. Les matinées sont réservées aux sportifs et aux militaires. Les citadins et les écoliers peuvent apprendre à nager, se détendre et s’amuser les après-midis, pour 10 centimes.


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Un parc arboré et végétalisé qui jouxte les bassins, auxquels le propriétaire donne le nom évocateur de « Tivoli » en référence aux célèbres jardins romains, propose de nouveaux loisirs tels le patin à roulettes ou à glace (sur le deuxième bassin), le badminton ou le tennis ; première infrastructure sportive privée créée à la fin du XIXe siècle, le parc « Tivoli » préfigure les parcs de loisirs actuels.

 

 


Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds Gilbert Rouchon, 10 Fi 1226


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Édouard Chapon est confronté à des infiltrations dans ses bassins des eaux insalubres du ruisseau proche de la Poudrière, dérivation de la Tiretaine, lors d’orages violents – ce qui manque de compromettre son activité.  : il rédige une pétition au préfet en 1895 et obtient la réalisation de travaux d’assainissement trois ans plus tard.

En 1904, une fête nautique encadrée par l’armée remporte un vif succès local. Des jeux nautiques et la musique militaire accompagnent l’évènement. Une des cartes postales (10 Fi 1227) du fonds Gilbert Rouchon, archiviste départemental de 1882 à 1924 aujourd’hui conservé aux Archives départementales, en est peut-être un témoignage.

 

Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds Gilbert Rouchon, 10 Fi 1227 



Entre 1917 et 1919, les imposants bâtiments de l’imprimerie de la Banque de France remplacent cet agréable endroit. Son créateur est employé comme jardinier sur le site de l’imprimerie de la Banque de France en 1920 – date de l’impression des premiers billets.

Édouard Chapon vit ensuite Chamalières jusqu’en 1950, où il meurt à plus de 90 ans.


Bibliographie

-       Manry André-Georges, Chazal Pierre. Chamalières. [Chamalières] : Les Amis du vieux Chamalières, 1979. (2 BIB 2293)

-       Gibelin Marius, Caye Yves. Le Puy-de-Dôme, mémoire d’hier. 1900-1920. Clermont-Ferrand : éditions De Borée, 2006. (3 BIB 854)

-       Rapport de l’agent voyer cantonal sur la réclamation du sieur Chapon propriétaire de l’établissement de bains de Beaurepaire. Arch. dép. Puy-de-Dôme, série S Travaux publics et transports, S 6701


L’école de natation de Beaurepaire. Carte postale (vers 1910).

Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds Gilbert Rouchon, 10 Fi 1228




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