Le circuit de Charade

Circuit « unique » en Europe, déroulant à sa création huit kilomètres de piste tourmentée au milieu des puys, le Circuit de Charade demeure, quarante ans après son âge d’or, un lieu emblématique de notre département.


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Programme de l'inauguration. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 382 W 184


Dès 1905 et 1906 ont lieu les premières compétitions de sport automobile en Auvergne avec les coupes Gordon-Bennett et Rocher-Schneider qui traversent  l’ouest du département. Pourtant il faut attendre cinquante ans pour que se concrétise la volonté de se doter d’un circuit de course dans l’agglomération clermontoise. En 1954-55, un projet prévoit le passage du circuit dans le quartier d’Herbet à Clermont-Ferrand.

 

La catastrophe des 24 Heures du Mans en 1955, qui coute la vie à des dizaines de personnes, met un coup d’arrêt à cette ambition : les nouvelles réglementations de sécurité adoptées après le drame ne peuvent être appliquées que difficilement au tracé clermontois et lorsque la commission chargée de le valider se rend à Clermont-Ferrand, il est acté que le projet ne pourra voir le jour.


Le pilote clermontois Louis Rosier, grand promoteur du sport automobile dans la région, est bien décidé à jouer une autre carte et conduit Raymond Roche, membre de cette commission, sur les routes départementales qui traversent la campagne aux confins de Royat, Ceyrat et de Saint-Genès-Champanelle, au pied des puys de Charade et de Gravenoire. Louis Rosier sait le potentiel de ces routes et n’a pas de mal à convaincre Raymond Roche.

 

Accompagnés de Jean Auchatraire et de Pierre Pingeot, dirigeants de l’Automobile Club d’Auvergne, ils porteront cette vision d’un circuit de montagne aux portes de Clermont-Ferrand. Charade présente de solides atouts. Le tracé des routes départementales existantes peut être réutilisé moyennant certains aménagements. Le relief accidenté du site promet des courses spectaculaires, mettant à l’épreuve tant les hommes que les machines. Et dans un cadre magnifique, les spectateurs bénéficient de tribunes naturelles leur assurant une sécurité optimale. 


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Programme et prospectus de l’inauguration, 1958. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 382 W 184


Le montage de l’opération n’est pas aisé : qui peut assumer le lourd financement que nécessite la construction de cet équipement ? Le préfet Yves Pérony réussit à fédérer les collectivités et leurs partenaires autour de ce dossier. 

 

Chose rare à l’époque, l’opération « Charade » est portée sans intervention financière de l’État. Le coût total (100 millions) est assuré à hauteur de 50% par le Conseil général, 25 % par la Société du Circuit Automobile d’Auvergne et 25 % par les communes de Clermont-Ferrand, Royat, Chamalières, Ceyrat et Saint-Genès-Champanelle. Au-delà du simple évènement sportif, les communes et le Conseil général font le pari de cet investissement d’importance et entendent profiter des retombées touristiques et médiatiques.

 

Inauguré le 27 juillet 1958 en présence de 70 000 spectateurs, Charade acquiert rapidement ses lettres de noblesse auprès des coureurs. Les courses nationales et internationales s’enchainent – 10 Grand Prix moto s’y déroulent de 1959 à 1974 – et font sa renommée. De nombreux pilotes, dont le clermontois Patrick Depailler, viennent s’y aguerrir.


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Programme, 1967. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 2526 W 7


En 1965, le tracé est retenu pour accueillir le Grand Prix de France de Formule 1 ; Charade est désormais une épreuve de premier rang, se hissant au niveau des mythiques circuits de Monaco, Silverstone ou encore Spa. Trois autres Grands Prix se tiennent en 1969, 1970 et 1972 couronnant notamment deux fois Jackie Stewart. Preuve de sa notoriété, le site est choisi par John Frankenheimer pour servir de cadre à son film « Grand Prix » (1967) réunissant Françoise Hardy et Yves Montand.  

Cependant, au fil des courses, les difficultés de ce tracé finissent par affecter la sécurité des pilotes. Une de ses principales qualités, sa sûreté, est de plus en plus contestée. Un accident survenu lors du Grand Prix de Formule 1 de 1972, marque la fin de l’âge d’or du circuit.  Après cette date, d’autres manifestations seront organisées mais aucune n’aura le retentissement des grandes compétitions internationales. 

 

Si le tracé originel a été raccourci en 1989 pour des raisons de sécurité, Charade reste en activité en accueillant diverses épreuves et activités. La structure, exploitée en régie directe par le Conseil général depuis 2012, est gérée par cinq agents.




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