Pédiluves et gargarismes : la journée d’un curiste au Mont-Dore (XIXe s.)

Comme de nombreuses stations thermales en France, l’établissement thermal du Mont-Dore connaît un véritable essor au cours du XIXe siècle. Malades et touristes venus « prendre les eaux » fréquentent assidûment la station, honorée également par la visite de personnages célèbres tels George Sand, Alfred de Musset ou Honoré de Balzac…


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Photographie d’un dessin d’architecture représentant l’intérieur de l’établissement thermal, photographe E. Mayer, 1885. ©Arch. dép. Puy-de-Dôme, 32 Fi 1407


 

La journée du curiste commence en fanfare...

 

Dès 5 heures du matin, les rues du Mont-Dore s’animent et les soins commencent pour les plus courageux. Les chaises à porteurs vont et viennent, transportant les malades qui vont prendre les bains (d’eau ou de vapeur) ou profiter des inhalations, selon les maux pour lesquels ils sont traités. Ils quittent ensuite le costume de flanelle du baigneur pour revenir à l’établissement thermal suivre d’autres soins tels que les gargarismes, irrigations nasales ou bains de pieds et surtout boire l’eau de la buvette. Celle-ci n’est ingérée que par demi-verre avec un temps d’attente entre chaque prise, éventuellement accompagnée d’exercices physiques pour mieux la digérer. Les eaux du Mont-Dore sont réputées soigner les problèmes respiratoires, digestifs ou de peau. La chaleur naturelle des sources provoque la détente et la décongestion entraîne de multiples bienfaits pour l’organisme. À 10 h 30, les soins sont terminés « et de tous côtés un carillon de cloches perce l’air et invite les baigneurs au déjeuner ». Ce repas marque la transition entre les soins et la détente.

 


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Départ du Mont-Dore pour le Sancy, vers 1905, carte postale, édition MTIL. ©Arch. dép. Puy-de-Dôme, 561 Fi 4246


L’après-midi est généralement consacré aux promenades et aux exercices de plein air...

Des excursions à pied, à cheval, à dos d’âne ou en voiture sont organisées pour visiter les nombreux sites à proximité du Mont-Dore. Un circuit permet ainsi de découvrir en quatre heures à pied les cascades du Saut-du-Loup, du Barbier, du Rossignolet et de Quereuilh. Pour les plus téméraires, l’ascension de la Banne-d’Ordanche prendra sept heures à pied aller-retour. 

Le dîner se prend généralement entre 17 h 30 et 19 h. Les curistes peuvent ensuite se promener sur la route de Randanne, avant de poursuivre leur soirée au café, au théâtre ou au Casino.

 

Le séjour au Mont-Dore dure en général entre 15 à 25 jours mais il n’est pas de tout repos, à en juger par les nombreux témoignages évoquant l’insalubrité des hôtels ou le caractère peu obligeant de certains Montdoriens. Pour autant, la cure au Mont-Dore connaît un vif succès. Ainsi, pour la saison de 1880, l’établissement accueille 3781 malades (dont 243 soignés à titre gratuit) qui prennent 26565 bains et 7416 douches ! La station profite aussi d’une renommée internationale. En 1892, sur les 6000 baigneurs de la saison, 830 sont des étrangers. 


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Le Mont-Dore. Etablissement thermal. Groupe de baigneurs, vers 1900, carte postale, édition L.L.. ©Arch. dép. Puy-de-Dôme, 506 Fi 82


La longue histoire du Mont-Dore est intimement liée à celle de l’exploitation de ses eaux. Les fouilles archéologiques montrent qu’avant même l’installation de thermes gallo-romains au Ier siècle de notre ère, les premiers habitants se baignaient dans une « piscine ». Pendant des siècles, les sources font partie du quotidien des villageois, même si leur mise en valeur reste rudimentaire, voire insalubre. Au XVIIIe siècle, l’intendant Chazerat propose sans succès un plan d’amélioration de la paroisse alors appelée « Bains ».

 

Le XIXe siècle marque le véritable essor de l’activité thermale moderne. Sous l’influence des autorités, et du préfet Ramond notamment, le village devient ville. Le propriétaire des bains est exproprié pour cause d’utilité publique en 1812, en faveur du Département. L’architecte Ledru livre les plans d’un établissement thermal et de son environnement urbain en 1816. L’ouverture des Thermes à partir de 1824 fait basculer le Mont-Dore dans une nouvelle ère. Le développement des premières infrastructures est validé par l’essor de la fréquentation de la station et l’établissement thermal est agrandi au milieu du siècle. Le Mont-Dore entre ensuite dans un âge d’or et bénéficie à plein de la fièvre thermale qui touche le pays à partir de 1860. Les constructions de prestige se succèdent : hôtels, casino, théâtre… Tout est fait pour accueillir le curiste fortuné.




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