Pélerinage de l'Ascension de la Vierge noire d'Orcival

Au centre d'Orcival se dresse l'un des joyaux de l'art roman auvergnat, la basilique Notre-Dame, construite au XIIè siècle. Elle est l’écrin d’une rare statue de Vierge noire, conservée dans le sanctuaire de l'édifice, qui est encore de nos jours, et depuis des siècles, l'objet d'un pèlerinage lors du jeudi de l'Ascension.



Cinéaste amateur d'origine allemande, Horst Wittig (1923-2000) est resté en Auvergne comme ouvrier agricole après la Seconde Guerre mondiale. Hébergé par une famille de Sauvagnat-près-Herment, aujourd'hui dépositaire de ses films, il a témoigné avec sa caméra de format 8mm. de la vie collective en milieu rural dans les années 1960 et 1970, et notamment de la place qu’y occupe la religion.

Ainsi, cet extrait de la neuvième bobine du fonds Wittig montre des Sauvagnatois participant au pèlerinage de la Vierge noire d'Orcival.

La petite statue de la Vierge noire, datant de la fin du XIIè siècle, est associée à de nombreux miracles, dont celui de la libération de prisonniers qui, lui ayant adressé des prières, se seraient vus miraculeusement libérés. De là lui viendrait le nom de « Notre-Dame-des-Fers », honorée par les fers, boulets et chaînes suspendus en ex voto sur le mur du transept sud de la basilique. De là également, la tradition du pèlerinage de l'Ascension.

Durant cette procession, la statue de la Vierge noire, couronnée, revêtue de vêtements d'apparat, est portée par plusieurs hommes, pieds nus, depuis la basilique jusqu'au Tombeau de la Vierge qui domine le bourg sur sa colline. Au long du chemin, la foule nombreuse, que l'on peut voir sur le travelling de Horst Wittig exécuté en surplomb du centre du bourg, entonne chants et prières. L'ensemble de ce rituel marial est généralement présidé par l'évêque de Clermont : il s'agit ici de Pierre Chappot de la Chanonie (1898-1990), dont on peut voir le prêche en fin de procession, dans les dernières secondes de l'extrait, devant l’édicule du tombeau construit en 1872.

Ce très bel extrait vient entériner une des fonctions essentielles, mais méconnue, du cinéma d'amateur : se faire le témoin de son époque, en prise directe avec l’événement en train d'être vécu, sans mise en scène. Ce document est un témoignage sociohistorique de tout premier intérêt pour analyser une pratique religieuse.


 

Pèlerinage de la Vierge noire d'Orcival (entre 1965 et 1970) film 8mm., couleur, muet.

Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds Horst Wittig, 12 NUM 7-9

Visionnez le film "Pèlerinage de la Vierge noire d'Orcival (entre 1965 et 1970)"




Retour haut de page