Se divertir au Mont-Dore : le bâtiment du casino-théâtre

Passé 1850, la réputation des eaux du Mont-Dore n’est plus à faire. L’antique bourg revêt déjà l’allure d’une véritable station balnéaire… à laquelle ne manque qu’un établissement de jeux et de loisirs digne de ce nom : un casino-théâtre ! Propriétaire de l’établissement thermal depuis 1812, le Département du Puy-de-Dôme en confie la construction au fils du bâtisseur des thermes, Louis-Antoine-Marie Ledru Gaultier de Biauzat, qui donne son avant-projet en 1879.


 (jpg - 3023 Ko)

Album de planches à l’appui de l’avant-projet du bâtiment du casino-théâtre du Mont-Dore (1879) : façade sud, parc et jardin d’hiver, Arch. dép. Puy-de-Dôme, administration et comptabilité départementales, N 639


La situation géographique et climatique du Mont-Dore, dont les eaux soufrées sont pourtant réputées depuis l’Antiquité, n’est guère propice pour retenir, le temps d’une cure, une clientèle aisée. Aussi est-il nécessaire de compléter par un programme d’aménagement urbain, comportant luxueuses résidences et équipements de loisirs et de détente, le monumental bâtiment des thermes (construit à partir de 1817). Même si le financement est assuré par une concession à des capitaux privés, le Département reste propriétaire : c’est à lui qu’incombe la maîtrise d’œuvre des projets architecturaux, instruite par le conseil des bâtiments civils et sa « Commission du Mont-Dore » réunissant ingénieurs des Ponts-et-Chaussées, agents voyers et architectes.

Le 6 novembre 1871, la conception du casino-théâtre est confiée au jeune Louis-Antoine-Marie Ledru Gaultier de Biauzat, qui présente son avant-projet définitif le 31 juillet 1879, accompagné d’un album de cinq planches illustrant l’ampleur et le faste du nouveau bâtiment dont la construction est projetée sur la promenade le long de la Dordogne.


Deux défis sont à relever : s’adapter aux contraintes d’un terrain pentu au sol non homogène, et organiser une distribution de plain-pied d’espaces de divertissement accessibles depuis la rue Meynadier.

La grande galerie traversant le bâtiment d’est en ouest, assise sur différents locaux techniques et sous-sols voûtés, dessert un théâtre de 534 places, une salle de danse et des salons destinés aux jeux, à la « conversation » ou à la « consommation » (ce dernier, relié au café du rez-de-chaussée par un escalier, comprend deux billards). Côté nord, les « water closets » offrent aux visiteurs un confort moderne. L’entrée du bâtiment, côté rue, est marquée par un escalier monumental à double rampe surplombant le béal.

Si la façade nord du bâtiment, qui correspond à des espaces fonctionnels (salle des machines à l’arrière de la scène, loges et foyer des artistes), présente une sobre façade, une véranda semi-circulaire offre aux curistes au sud l’agrément d’un jardin d’hiver, donnant sur la promenade, la fontaine, le kiosque et le Sancy. Point d’orgue de la composition, cette façade bénéficie d’une grande planche aquarellée.

Le chantier qui s’ouvre ne va pas sans quelques déboires (pétition des riverains qui obtiennent le déplacement du projet sur une partie plus pentue du terrain imposant une profonde révision de la structure des sous-sols, problèmes de fondations dans un sol gorgé d’eau, etc.), et le bâtiment n’est réceptionné qu’en 1884 (et l’escalier principal en 1888).


Passage obligé d’une cure réussie, le casino-théâtre, maintes fois remanié et agrandi, est entièrement détruit par le feu le 31 août 1962 ; les volumineux dossiers et nombreux documents graphiques aujourd’hui conservés au sein de la série N des Archives départementales, issus du travail d’architectes formés aux Beaux-Arts et d’ingénieurs issus des Pont-et-Chaussées, en charge des bâtiments départementaux, permettent de connaître de l’intérieur l’édifice aujourd’hui remplacé par le bâtiment dû au cabinet Vigneron Frères (1966-1967).


Album de planches à l’appui de l’avant-projet du bâtiment du casino-théâtre du Mont-Dore (1879)

Arch. dép. Puy-de-Dôme, administration et comptabilité départementales, N 639




Retour haut de page