Une Chaîne des Puys très boisée

Issu du fonds de l’abbaye Saint-Alyre de Clermont, ce plan daté de 1693 offre un aspect du puy de Côme inhabituel pour l’œil contemporain, et montre une chaîne des Puys alors très boisée.


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Figure de la montaigne de Cosme et ses dépandances dans son aspec de bize (1693) - Arch. dép. Puy-de-Dôme, 27 Fi 82


Par l’ordonnance de 1669, le pouvoir royal, soucieux d’assurer à l’État un approvisionnement en bois de qualité, notamment pour la Marine, entend mener la « réformation » des forêts pour améliorer la gestion du patrimoine des grands propriétaires forestiers. Dressé vingt-cinq ans plus tard, ce plan, de dimensions moyennes (53,5 x 49 cm), représente ainsi le domaine de Côme qui relève de la riche abbaye clermontoise de Saint-Alyre.

Malgré ses faiblesses techniques (représentation peu réaliste du puy, défaut de perspective), il est un intéressant témoignage du paysage et de l’occupation humaine au pied de la « montaigne » de Côme, vue ici depuis le nord (ou « bize » – sont utilisés ici des termes aujourd’hui tombés en désuétude pour désigner les points cardinaux).

Au premier plan, le village de La Courteix (M sur le relevé) est symbolisé par un groupe de six habitations ; à l’ouest (« nuit ») prennent place le hameau et le château des Roches (N), ce dernier surmonté d’une tourelle ; plus à l’est (« jour ») apparaît une étendue d’eau, le « lac de Côme », aujourd’hui disparue. Sont également figurés les chemins menant à Ceyssat, Allagnat et Orcival.

Le plus remarquable dans ce plan est la place qu’y tient la forêt : si la partie sommitale du puy est utilisée comme pré de fauche (A) et son versant ouest comme pâturage (B), il est largement recouvert de bois de haute futaie (C) ; peuplés d’arbres vigoureux, symbolisés par des rangées bien dessinées, ils sont destinés à fournir un bois de qualité, notamment pour la charpente, et se distinguent des abords, largement couverts de bois et taillis.

Les historiens, à commencer par Yves Michelin, en s’appuyant notamment sur des documents de ce type, ont montré que le paysage de la chaîne des Puys, loin d’être figé, a largement évolué depuis le Moyen Âge sous l’influence de l’occupation humaine et de son exploitation : à ce caractère très boisé qui caractérise l’Ancien Régime va succéder, au XIXe siècle, un paysage d’herbages d’où la forêt a pratiquement disparu.



Figure de la montaigne de Cosme et ses dépandances dans son aspec de bize (1693)

Arch. dép. Puy-de-Dôme, 27 Fi 82

 

Bibliographie

 

MICHELIN (Yves), Les jardins de Vulcain : paysages d’hier, d’aujourd’hui et de demain dans la chaîne des Puys du Massif central français, Paris : Maison des Sciences de l’Homme, 1995 [cote aux AD63 : 3 BIB 650].




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