Une librairie-imprimerie florissante

Tirée du fonds Rouchon, cette carte postale originale présente la façade de la librairie Bérillon à Aigueperse. C’est très logiquement sur une carte postale que l’imprimeur-éditeur-libraire Bérillon se fait portraiturer devant son établissement ; ce document témoignage de l’activité d’une librairie-imprimerie au début du XXe siècle.


François Bérillon, né en 1851, installe un atelier de reliure dans la Grande-Rue d’Aigueperse entre 1870 et 1880. Il développe ensuite une activité de libraire et d’éditeur jusque vers les années 1910. À cette époque, son fils Henri, né en 1878, reprend la direction de l’établissement, qui connaît alors un bel essor : l’emploi d’un relieur supplémentaire, qui deviendra par la suite typographe, devient nécessaire.

Au tournant des XIXe et XXe siècles, la carte postale connaît un véritable âge d’or. La librairie Bérillon édite alors ses propres cartes qui représentent, pour l’essentiel, Aigueperse et les bourgs environnants. Les clichés sont signés « Taddei », nom des photographes Joseph et Ernest Taddei, père et fils. Si la grande majorité des vues montre les principales caractéristiques des villages (vues générales ou lieux emblématiques, patrimoine religieux ou civil, etc.), les clichés comme celui de la librairie sont plus rares.


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Aigueperse. Librairie H. Bérillon, photographie Taddei (début XXe siècle). ©Arch. dép. Puy-de-Dôme, 10 Fi 30


Le couple Bérillon (vraisemblablement Henri et son épouse Anna) pose avec ses employés devant la librairie ; les colporteurs de journaux sont aisément identifiables – l’un d’eux porte une casquette au nom du Petit Journal. Au détour de ce cliché, le photographe saisit aussi un moment de la vie du bourg : l’agriculteur et ses vaches sur la gauche – visiblement intrigué par la présence du photographe -, la voisine à sa fenêtre sur la droite ; on devine même une silhouette à l’arrière-plan.

L’intérêt de cette carte postale tient également aux détails dont fourmillent la devanture et la vitrine de la librairie. Les supports publicitaires – pancartes et présentoirs – font la promotion de différents titres de journaux : Le Moniteur du Puy-de-Dôme tient une place de choix, Le Petit Journal et ses déclinaisons hebdomadaires comme Le supplément illustré et La Mode, Le Matin et L’Éclair, autres quotidiens parisiens.

La vitrine expose différents objets : cartes postales et géographiques, affiches, mais aussi maroquinerie. Comme l’indique une publicité des années 1923, il est possible de trouver  à l’imprimerie H. Bérillon toute une gamme de produits : imprimés commerciaux et administratifs, cadeaux pour étrennes et mariages, porte-monnaie, porte-billets, sacs de voyage, sacs de dames… Elle commercialise également des nécessaires d’écriture : porte-plumes, encres, coffrets-cadeaux de correspondance.

Si peu d’imprimés de la maison Bérillon réalisés durant cette période sont arrivés jusqu’à nous, c’est qu’il semble s’agir essentiellement de petits documents, guides ou fascicules, particulièrement fragiles et donc moins bien conservés dans le temps.

La librairie ferme ses portes dans les années 1970 ; l’imprimerie, dirigée par un membre de la famille Bérillon, est toujours en activité.


Le fonds Gilbert Rouchon compte plus de 3800 cartes postales collectionnées par l’ancien archiviste départemental illustrant le territoire et ses habitants ; il est conservé aux Archives départementales du Puy-de-Dôme dans la série 10 Fi.


Aigueperse. Librairie H. Bérillon, photographie Taddei (début XXe siècle) 

Arch. dép. Puy-de-Dôme, 10 Fi 30




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