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Mémoire pour la police des ouvriers papetiers de Thiers. 21 mai 1730.
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[…] Un de ces droits est celuy qu'ils appellent lever la rente. Il se paye lorsqu'un ouvrier quitte son moulin ou par mutinerie, ou par libertinage, ou parce qu'il en a été chassé. Cet ouvrier va dans un autre moulin aux ouvriers duquel il demande la rente ; alors tout le travail du moulin cesse, on envoye chercher du vin et tous les ouvriers boivent. Si l'ouvrier desoeuvré n'est pas yvre à cette première visite, il va demander sa rente dans un autre moulin, sinon il y va le lendemain et suit ainsy toute la rivière avant de redemander du travail.

Lorsqu'un aprenty entre dans un moulin, les ouvriers font payer cinq livres.

(Quand il a fini son aprentissage, on luy fait payer trois livres dix sols pour le droit de s'asseoir à table.)

(...) et pour prendre le nom de compagnon, il luy en coûte encore trente sols.

Lorsqu'un ouvrier passe d'une place à une autre, par exemple si celuy qui lève la feuille est employé à la coucher, il paye quatre livres.

Si de cette place il passe à celle d'ouvrier, il luy en coûte cinq livres, et ainsy de tous les changements qui arrivent nécessairement dans cette fabrique. Tout cet argent est employé en vin, en sorte que tous ces différents droits sont autant d'occasions de débauches pour les ouvriers et d'une perte considérable pour le maître.

Un autre droit plus intolérable que tous les autres, estant absolument odieux, est celuy que ces ouvriers libertins osent apeller le droit de gueulage. Le nom seul en montre assez tout l'infamie. Celuy des ouvriers qui ne peut pas garder la trop grande quantité de vin qu'il a bu paye quarente sols. Cet argent s'employe sur le champt en vin. […].

1 C 490