La disette du vin cause icy, Monsieur, un dérangement général chez nos fabricans de papier et leurs ouvriers, tellement accoutumés à cette boisson que, quoi qu'il ne s'en soit pas cueilli, ils exigent d'authorité que le fabricant leur en fournisse à sa ruine, comme par le passé. L'impossibilité où est le fabricant de donner ce qu'il n'a pas avoit donné lieu, avant mon départ pour le département, à un délibératoire du corps par lequel, pour tenir lieu de vin à leurs ouvriers jusques à ce que cette production devint plus abondante, ils augmentoint leurs gages de trente sols par mois. Cet arrangement a déplu à gens esclaves des anciens usages, quel qu'en soit l'abus, et, pour ne pas s'y soumettre, ils ont quitté tout travail, préférant de mourir de faim plutôt que de manger sans boire, de façon qu'il n'y a aujourd'huy que les fabriques composées de pères et enfans en état de travailler qui soint occupées. Les ouvriers, comme vous le comprenés, en seront les premières victimes, n'y en ayant pas quatre qui puissent soutenir huit jours ce genre de vie. Il ne s'agit que de les attendre avec fermeté et ne pas se départir de ce qu'il a été résolu, autrement il faudroit sévir contre des muttins qui se mettent au-dessus des règlements et il seroit à craindre que la peine ne retombât pas sur les plus coupables. Mais pour leur faire sentir leur écart […].