Monseigneur,

Je me croit dans l'obligation d'informer votre grandeur de la contagion dont les bœufs, vaches, veaux et chevaux sont généralement attaqués depuis deux jours dans mon département, et aux environs. C'est une espèce de bubon, communément appelé charbon, qui naît d'un instant à l'autre, à la langue, au palis, ou machoires des animaux. Ils n'ont avec ce mal aucuns symptomes sinistres. Ils boivent et mangent comme s'ils ne l'avoint pas.

Ce mal persse la langue avec escart et lividitée. […]

Si ce n'est un fléau de Dieu, je pensse que la source de cette contagion naït du venin que les chenilles ont répandu sur la surface de la terre. Je me repent bien de n'avoir pas pris la libertée de vous proposer, Monseigneur, de rendre une ordonnance pour obliger chaque propriétaire ou colon d'écheniller leurs arbres ? Je croyois que cest inssecte ne pouvoit pas échapper à la rigeur de l'hyver. Cependant il y en a plus que jamais.

AP. Le 9 may 1731.

J'ay receu votre letre Monsieur. Je ne voye pas que je puisse en rien remédier à la maladie contagieuse qui règne sue les bestiaux et dont vous me parlés.

C'est beaucoup qu'il n'en périsse aucuns. Quant aux ordonnances de police que vous me proposés, je ne suis pas parfaitement persuadé de la nécessité qu'il y a de les faire. En cas que vous vous aperceussiés que cette contagion peut devenir dangereuse pour les homes, (vous m'en avertirés et je verrois les mesures qu'il seroit convenable de prendre.).