Le Tout Clermont-Ferrand : portraits de la bonne société clermontoise de 1936

Cette petite brochure illustrée par Henri Van Pée, caricaturiste, renferme les portraits des principaux notables clermontois au milieu des années 1930, et porte un éclairage sur la bonne société de cette époque.


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Arch. dép. Puy-de-Dôme, Fonds Roger Fayet, 267 J


La brochure paraît en décembre 1936. Son auteur, Henry Van Pée, qui se présente comme « caricaturiste », n’en est pas à son coup d’essai : il publie depuis 1933 la revue mensuelle Tout Tours. Après Clermont-Ferrand, paraîtront Tout Angers (1937), Tout Nantes (1938), puis Tout Bordeaux (1953), fonctionnant sur le même principe.

Sur 16 pages sont présentés les portraits de 31 notables de Clermont-Ferrand, dimensionnés en fonction de l’importance donnée à chacun. Les portraits figurent presque exclusivement en page de droite, les pages de gauche étant occupées par des publicités pour des commerces locaux. Ces hommes (on ne compte aucune femme) sont présentés de profil par un dessin qui relève davantage du portrait simplifié que de la caricature : en effet, s’ils ne sont pas particulièrement flatteurs, les portraits sont plutôt réalistes, très détaillés (on peut remarquer les poils de nez de M. Desdevises du Dézert, ou encore la forme caractéristique de la moustache de M. Claret) ; ils semblent atteindre leur objectif, rendre leurs modèles reconnaissables, si on les compare avec les quelques portraits photographiques aujourd’hui conservés aux Archives départementales du Puy-de-Dôme.

La première page est naturellement occupée par les têtes politiques et religieuses de la ville : le préfet, le maire, et l’évêque… à ceci près que Pierre Trouillot, placé en disponibilité en septembre 1936 suite à l’occupation de la préfecture par les ouvriers Michelin, n’est plus préfet du Puy-de-Dôme à la date de la sortie de la brochure ; si la légende le présente bien comme « ancien Préfet du Puy-de-Dôme », le préfet nommé en décembre 1936, Alfred Baffrey, n’a pas les honneurs d’un portrait.

Viennent ensuite les membres éminents des établissements d’enseignement supérieur de Clermont-Ferrand : le directeur et deux professeurs de l’Ecole de médecine (le docteur Joseph Castaigne, directeur de 1928 à 1942, le docteur Jean Buy et le docteur Émile Merle, qui sera directeur de 1942 à 1947), puis, page suivante, le doyen de la faculté de lettres, Auguste Audollent, ainsi que son prédécesseur (de 1907 à 1924) Georges Desdevises du Dézert, et celui de la faculté de droit, Me Juilhard.

Suivent des érudits locaux : Henri du Ranquet, tout à la fois conservateur des antiquités et objets d’arts (depuis 1912) et conservateur du musée d’histoire et d’art local, le musée du Ranquet, le docteur Pierre Balme, en tant que directeur de l’Auvergne littéraire, artistique et historique (revue pour laquelle une publicité se trouve d’ailleurs en avant-dernière page), le docteur Canque en tant que président de la Société des Amis de l’Université, et Joseph Desaymard, écrivain local. Sont ensuite portraiturés les membres du barreau de Clermont-Ferrand : Me Antonin Planche, bâtonnier depuis juillet 1936, Me Robin, Me Demai, par ailleurs premier adjoint au maire, et Me Adrien Mabrut, présenté secondairement comme député du Puy-de-Dôme, mandat où il a été élu au printemps 1936.

Après les pasteurs Emile Rauzier et Charles Charreyron  apparaissent des personnalités un peu plus diverses de la ville, répartis sur deux pages :  le recteur d’Académie, M. Boussagol (en poste de 1935 à 1938), le directeur de la Compagnie des Tramways, Jean Claret, fils du concepteur du tramway clermontois, M. Faure, deuxième adjoint au Maire et président du syndicat des agents d’assurance, et le secrétaire général de la Mairie, M. Mas. Sur la seconde page, viennent le général Brayer, commandant d’artillerie de la 13e région, M. Dousset, président de la Chambre de commerce, l’administrateur délégué de la chocolaterie royadère « La Marquise de Sévigné », le directeur des hôpitaux de Clermont, et Philippe Arbos, éminent géographe et professeur à la faculté de lettres de Clermont, Albéric Aubert, architecte du flambant neuf hôpital-sanatorium Sabourin, Me Selliez, avocat, et… l’archiviste départemental, Pierre-François Fournier, en poste depuis 1924.
 

Ce Tout Clermont-Ferrand est issu du fonds que Roger Fayet, collectionneur volvicois, a donné en février 2022 aux Archives départementales (267 J) : constitué de dossiers thématiques rassemblés regroupant des documents très éclectiques, ce fonds s’avère précieux pour la documentation de l’histoire locale. Chaque année, les Archives départementales collectent ainsi différents fonds privés, qui leur permettent de compléter les informations issues de la collecte règlementaire des archives publiques, grâce à des propositions de particuliers, d’associations, ou d’entreprises.

 


Henri Van Pée, Tout Clermont-Ferrand (1936)

Arch. dép. Puy-de-Dôme, 267 J


Sources complémentaires :


Ces portraits peuvent être mis en regard pour certains avec les fonds d’archives conservés aux archives départementales,

Soit des photographies conservées permettant de faire le lien avec les portraits graphiques, dont par exemple :

- 545 Fi 3579, portrait de Jean Claret daté des années 1930, où l’on reconnait bien sa moustache caractéristique et sa pipe

- 590 Fi 3051, portrait de Mgr Piguet

- 507 Fi 4549, photographie d’Auguste Audollent datée de 1923

- 514 Fi 940 photographie extraite du fonds de l’aéro-club d’Auvergne datée de 1930 où l’on reconnaît le préfet Trouillot

- 514 Fi 651, autre photographie du fonds de l’aéro-club d’Auvergne datée de 1935 sur laquelle apparaissent Paul Pochet-Lagaye, encore 1er adjoint, et M. Dousset

- 605 Fi 389, photographie de Georges Rouzaud jeune donnée pour la délivrance de son permis de conduire, sur laquelle on peine à reconnaître l’homme d’âge mûr représenté sur la brochure

- 590 Fi 1683, photo prise d’Adrien Mabrut durant son discours à l’occasion des obsèques d’Alexandre Varenne plus de dix ans plus tard (février 1947), où on le reconnaît pourtant bien d’après son portrait du Tout Clermont




Soit pour des fonds d’archives renseignant directement ou indirectement sur ces notables et leur activité professionnelle :

-          Le fonds Auguste Audollent (19 J)

-          Le fonds de la chocolaterie La Marquise de Sévigné (18 J)

-          Le fonds Pierre-François Fournier (28 J)

-          Le Fonds de l’université (série T)

-          Le Fonds de l’école de médecine (série T)

 




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