Le viaduc ferroviaire des Fades : le plus haut pont du monde !

En octobre 1909 est inauguré entre Sauret-Besserve et Les Ancizes-Comps ce qui est alors de plus haut pont du monde, jeté au-dessus de la Sioule : le viaduc ferroviaire des Fades. Sa construction, véritable prouesse technique, longuement étudiée, a marqué le paysage, mais aussi laissé des traces aux Archives départementales… où elle continue d’en laisser.


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Arch. dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 15753

Virard (Félix), « Note sur la construction du viaduc des Fades (ligne de Saint-Éloy à Pauniat) », Annales des ponts et chaussées. Document relatif à l’art des constructions et au service de l’ingénieur, 8e série, 1903, pl 32.


Les documents relatifs à cette construction exceptionnelle sont déjà nombreux aux Archives du Puy-de-Dôme : à côté des dossiers techniques et administratifs issus des fonds publics, contenant devis, projet d’exécution, mémoire technique et plans, sont conservées de nombreuses photographies prises tant par des amateurs que publiées sous forme de cartes postales. En juin 2019, ce dossier documentaire même été enrichi par l’acquisition en vente publique d’un fascicule, « Note sur la construction du viaduc des Fades », extrait des Annales des Ponts-et-Chaussées de 1904, due au sous-ingénieur Virard, auteur du pont.

La ligne de Saint-Éloy au col de Pauniat, appelée à prolonger la ligne Lapeyrouse-Saint-Éloy ouverte en 1871 pour desservir les mines de la Compagnie des Forges de Châtillon-Commentry, est déclarée d’utilité publique par la loi du 22 juillet 1881 : il s’agit de traverser les Combrailles pour donner un débouché, vers le sud, au charbon extrait à Saint-Éloy-les-Mines. La décision d’un tracé par Saint-Gervais est prise par décision ministérielle du 21 juin 1895 ; celle du 26 mai 1897 fixe celui de la section Saint-Gervais-Pauniat, qui présente donc le défi technique de franchir la vallée très encaissée de la Sioule.

L’étude de ce projet est confiée à une commission spéciale du Conseil général des Ponts-et-Chaussées avant que ce dernier rende son avis dans sa séance du 29 novembre 1897.

Ce rapport et cet avis sont repris par Virard dans sa « Note », dont le contenu est essentiellement technique : après un historique présentant les projets de tracé et de terrassement de la ligne de Saint-Éloy à Pauniat, le fascicule décrit l’ouvrage projeté avant d’examiner la qualité et la nature des matériaux envisagés et de justifier de certaines des dispositions retenues ; en dernière partie sont présentés les calculs de résistance du tablier métallique, et de nombreux dessins techniques cotés. Le principal problème est la question de l’oscillation induite par la hauteur de l’ouvrage, le plus haut du monde à l’époque.


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Carte postale montrant la construction d'une pile et l’avancée du tablier métallique. Photo A. Michel. © Arch. dép. Puy-de-Dôme, prêt Georges Senetaire, 545 Fi 2469.


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Carte postale montrant l’intérieur du tablier métallique à 132,33 mètres au-dessus de la Sioule. Photo A. Michel. © Arch. dép. Puy-de-Dôme, coll. Michel Dubesset, 561 Fi 4436.

 

 

Le projet définitif, avec le système Cantilever, conçu par Virard, est finalement approuvé le 26 avril 1901. Son adjudicataire est la Société française de Constructions mécaniques, basée à Denain (Nord) où le tablier métallique, formé principalement de poutres latérales en treillis, est usiné et monté provisoirement, avant d’être transporté en morceaux jusqu’à Saint-Gervais par le rail, puis jusqu’au site en chariots. Le viaduc, long de 470,25 mètres et dont la voie unique passe à 132,50 mètres au-dessus de la vallée, est par ailleurs constitué de deux piles monumentales évidées, maçonnées en granit extrait à proximité et dont les dimensions décroissent de la base vers le sommet.

 

 

Jusqu’à 800 ouvriers sont appelés de toute la France pour travailler à la construction du viaduc, dont de nombreux maçons creusois. Cet apport de population apporte une activité nouvelle dans tout le secteur de Saint-Gervais.

Protégé au titre des Monuments historiques depuis 1984, souffrant d’un défaut d’entretien, le viaduc des Fades est délaissé en même temps que l’exploitation de la ligne Lapeyrouse-Volvic, en décembre 2007. En péril, il bénéficie en 2019 d’une campagne de restauration en grande partie financée par le Loto du Patrimoine.


 

Virard (Félix), « Note sur la construction du viaduc des Fades (ligne de Saint-Éloy à Pauniat) », Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l’art des constructions et au service de l’ingénieur, 8e série, 1903, p. 99-211

Arch. dép. Puy-de-Dôme, 2 BIB 15753




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