Les cours d’accouchement de Madame du Coudray dans la généralité d’Auvergne

Le projet de Madame du Coudray et son application en Auvergne


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Brouillon d’une lettre de Simon-Charles-Sébastien-Bernard de Ballainvilliers, intendant d’Auvergne (1757-1767), adressée aux subdélégués de la généralité d’Auvergne, Clermont-Ferrand, 26 janvier 1760 (page 1). Arch. dép. Puy-de-Dôme, 1 C 1401

Transcription du document :

La Dame du Coudray, Maitresse sage femme de Paris, est l’inventrice d’une machine au moyen de laquelle on peut apprendre en très peu de tems, l’art des accouchemens. Cette machine a été aprouvée à l’Académie de chirurgie et elle a mérité à la Dame du Coudray un brevet du Roy pour enseigner l’art des accouchemens dans tout le royaume. L’utilité de cette machine est essentielle, on y aprend à prévenir une infinité d’accidens qui arrivent au mères et à leurs enfans et qui privent l’Etat d’un grand nombre de sujets et augmentent le nombre celui  des malheureux. Mon intention est de mettre à profit les avantages de cette machine afin de procurer du secours aux femmes de la campagne presque toujours victimes de l’ignorance des accoucheuses ordinaires ; et à cet effet je destine une machine à votre ville, je la f elle sera accompagnée d’un livre que la Dame du Coudray a composé au meme sujet, ce livre est revetu de toute l’autenticité nécessaire pour mériter toute la confiance aux lecons qu’elle donne.  Mais pour tirer tout le fruit du dépot que je vous destine, il est nécessaire que vous me procuriez une femme qui ait des dispositions pour cet état à l’intelligence nécessaire pour y faire quelques progrès. Je vous prie de donner tous vos soins à cette recherche et de me faire la réponse la plus prompte. La dépense de son instruction ne sera point considérable elle sera instruite gratuitement, l’espace de  3 mois suffira. Il ne sera donc question que de frais de voyage et du prix de sa pension, comme l’objet en sera modique je pense que cette dépense doit être faite par votre ville ne sera point considérable, l’élève sera instruite gratuitement. L’espace de 3 mois suffira et je [rature illisible] trouveray le moyen de lui éviter les frais de voyage et de pension pendant ce tems. Je crois meme qu’il seroit plus avantageux qu’un chirurgien voulut se charger de ce dépot. Il auroit apris en bien moins de tems qu’une femme toute la méchanique de cette invention, et il seroit plus en état d’instruire à son tour les femmes de la campagne qu’il s’adresseroient à lui. Le projet que je vous propose intéresse l’humanité que j’ay dessein de secourir dans cette Province et je compte sur votre zele pour étendre et multiplier ce secours, en faisant instruire le plus d’élèves qu’il sera possible des paroisses des environs de votre ville.

Je vous prie d’en prévenir les notables habitants de votre ville ; je vous écriray en vous envoyant la machine sur la manière qu’il sera illisible conviendra de faire à l’élève quil en sera chargée au nom de la ville. Et auquel élève la machine ne sera confiée pour que l’instruction des femmes de la campagne qui se destineront à cet art.


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Brouillon d’une lettre de Simon-Charles-Sébastien-Bernard de Ballainvilliers, intendant d’Auvergne (1757-1767), adressée aux subdélégués de la généralité d’Auvergne, Clermont-Ferrand, 26 janvier 1760 (pages 2, 3 et 4). Arch. dép. Puy-de-Dôme, 1 C 1401.

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Pistes d’analyse du document

NB : les citations ci-dessous en italique sont extraites du document n°2.

 

Le contexte : démographie, obstétrique et État au XVIIIe siècle

La lettre de l’intendant Ballainvilliers permet tout d’abord de juger de l’intérêt assez tardif que portent les États modernes à la question démographique.

 

Mort en couches, mort au berceau

L’Ancien Régime se caractérise par une natalité et une mortalité élevées (« privent l’Etat d’un grand nombre de sujets »). La mort emporte souvent les parturientes, c’est-à-dire les femmes qui accouchent, et les nouveau-nés. Les nourrissons sont particulièrement touchés. On estime en effet que la mortalité infantile, qui frappe pour moitié les nouveau-nés, est de l’ordre de 280 ‰.  Près de 5 % des femmes mariées perdent la vie lors de l’accouchement. Dans une lettre du 30 janvier 1760, le subdélégué Montluc, en poste dans l’élection de Saint-Flour, note que durant l’été 1759 80 femmes sont mortes en couches ou des suites de leurs couches, dans trois paroisses du voisinage.


Les matrones, anges de la mort

Cette situation sanitaire catastrophique s’explique d’abord par  un certain désintérêt pour l’enseignement de l’art de l’accouchement jusqu’aux années 1740. Ensuite, il existe un contraste fort entre les villes, où se développe un corps de chirurgiens-accoucheurs dans les années 1730, et les campagnes qui souffrent d’une très faible couverture médicale et où officient les « accoucheuses ordinaires », qu’on appelle aussi matrones. Claude Carême note que ces femmes ont acquis leur  « savoir-faire empirique aux côtés d’une matrone plus âgée qui [leur] transmet ses recettes et ses préjugés. Voisine, mère, âgée, souvent veuve, la matrone (…) exerce la plupart du temps gratuitement, rend service et ne vise qu’à alléger les souffrances de [la parturiente] par quelque breuvage, quelque topique comme la ceinture de sainte Marguerite, des paroles apaisantes. Elle l’incite à crier et à prendre une position traditionnelle assise ou à genoux sur une chaise ou debout près de la cheminée ». L’intendant Ballainvilliers incrimine les matrones dans sa lettre et reproche à ces accoucheuses non professionnelles leur « ignorance ». Leur savoir empirique ne suffit plus lorsque l’accouchement se complique, lorsqu’il  devient «contre-nature » ou dystocique (siège, position transversale…). Car pour terminer un accouchement « laborieux », il fallait recourir soit à des manœuvres obstétricales précises, soit utiliser des instruments d’extraction (tels les crochets, le forceps de Levret n’apparaissant qu’en 1751), soit enfin en pratiquant une césarienne. On comprend dès lors pourquoi « l’ignorance » des matrones est source d’une « infinité d’accidens » qui « augmentent [le nombre] des malheureux ». Un mauvais usage des crochets  pouvait avoir des conséquences irréversibles autant pour les enfants (parties du corps arrachées) que pour les mères (appareil génital déchiré). La césarienne condamnait en règle générale la mère en raison de l’absence d’anesthésie et d’asepsie.


Une mission de salubrité publique qui découle de préoccupations populationnistes

Le constat de l’intendant Ballainvilliers induit deux conséquences. D’un côté, les décès « privent l’Etat d’un grand nombre de sujets » ; de l’autre, les infirmités « augmentent celui  des malheureux », c’est-à-dire qu’elles favorisent ce que nous nommerions aujourd’hui, avec anachronisme, l’exclusion sociale (mendiants, vagabonds…). Le premier argument soulevé par Ballainvilliers est révélateur des thèses populationnistes en cours dans l’Europe du XVIIIe siècle, selon lesquelles la force et la prospérité d’un État viennent de son poids démographique. Cette préoccupation nouvelle d’améliorer les conditions de la naissance explique en grande partie l’intérêt porté aux travaux de Madame du Coudray, des travaux encouragés par la monarchie (« un brevet du Roy ») et validés par l’Académie de chirurgie de Paris (« aprouvée à l’Académie de chirurgie »). Régler le problème du gaspillage de vies et celui de futurs mendiants constitue donc une mission de salubrité publique.  On comprend ainsi mieux l’engagement de Ballainvilliers : « Le projet que je vous propose intéresse l’humanité que j’ay dessein de secourir dans cette Province ».


La mission de Madame du Coudray : prévenir les drames obstétricaux

La mission de Madame du Coudray peut se définir comme une solution médicale, d’envergure nationale, aux drames obstétricaux de son temps.

 

Remplacer les matrones par des sages-femmes compétentes

  L’objectif de Madame du Coudray est de former des femmes des campagnes aux techniques de l’accouchement (« instruire … les femmes de la campagne»). Le profil recherché est en complète opposition avec celui des matrones : on attend pour suivre les cours des femmes jeunes, à l’esprit plus ouvert, capables d’apprendre (« qui ait des dispositions pour cet état à l’intelligence nécessaire pour y faire quelques progrès »). On va jusqu’à souhaiter de ces femmes qu’elles soient discrètes, propres et de bonne moralité. Ce profil recherché reste bien souvent un idéal car il cadre rarement avec la réalité locale. Les candidates doivent suivre leurs cours en ville, auprès d’un « chirurgien » référent, pour une durée de « trois mois ». L’intendant prévoit de faciliter les conditions matérielles de leur formation (« instruite gratuitement », « éviter les frais de voyage et de pension ») afin de ne pas décourager les vocations.


Une nouvelle pédagogie obstétricale

Les enseignements reposent sur l’utilisation de deux outils mis au point par  Madame du Coudray (« à cet effet je destine … aux lecons qu’elle donne »). Le premier outil est un manuel d’obstétrique,  L’Abrégé de l’art des accouchements, publié à Paris en 1759. D’autres éditions suivent, en 1769, 1773, 1777 et 1785. Ces dernières éditions sont agrémentées d’une trentaine de planches gravées qui illustrent les leçons du manuel. Ce recours à l’image doit permettre de rendre concrets les cours d’accouchement à des femmes peu familiarisées avec l’écrit. Le manuel aborde l’anatomie féminine, les phases de la grossesse, la délivrance, mais aussi les risques de l’accouchement et les bonnes gestuelles à adopter. Le second outil est la « machine de Madame du Coudray », dont un exemplaire est envoyé dans chaque grande ville de la généralité. La manipulation du mannequin et de ses différents accessoires permet d’illustrer concrètement les différentes situations propres à un accouchement.

On voit ainsi, le souci de Madame du Coudray de développer une pédagogie pratique, accessible et adaptée à un public sans grande instruction. C’est également une pédagogie originale dans sa forme comme dans ses objets : au-delà de l’art de l’accouchement, Madame du Coudray jette aussi les bases de la psychoprophylaxie (préparer pyschologiquement les futures mères) et de la puériculture (soins apportés aux nourrissons).


Les cours d’accouchement : organisation, financement et recrutement


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Ecclaircissemens donnés par Mrs les subdélégués sur l’utilité des Écoles de démonstration des accouchemens pendant l’année 1764 », 2 février 1765. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 1 C 1401.


NB : La généralité d’Ancien Régime était administrée à différents niveaux : à sa tête se trouvait l’intendant, qui avait en charge la justice, les finances et la police. Il était épaulé par un secrétaire d’intendance qui dirigeait ses bureaux. On trouvait, à l’échelon inférieur des élections qui se divisaient en une ou plusieurs subdélégations, à la tête desquelles étaient les subdélégués, hommes de loi ou magistrats en exercice le plus souvent. Montluc, Mignot, cités plus bas, sont des subdélégués.


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Rapport intitulé « État des élèves qui ont pris des leçons du S. Bordenave », Subdivision de Saint-Amant-Roche-Savine, non daté (vraisemblablement 1761 ou 1762). Arch. dép. Puy-de-Dôme, 1 C 1402.


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Affiches imprimées annonçant la mise en place de cours d’accouchement, Province de Bresse, 26 décembre 1761. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 1 C 1405 (62 Fi 345) ; Aurillac, 19 novembre 1764. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 1 C 1403.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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Certificat de pauvreté signé par Béal, curé de Marsac-en-Livradois, 22 février 1766. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 1 C 1404.

 

 

Transcription du document

 

Je soussigné certiffie que Damianne paulze sage femme de cette parroisse de Marsac est dans la misère et dans le cas d’etre aidée des charités du public ayant une nombreuse famille et un mary hors d’etat de travailler a cause de ses infirmités et son grand age, en foy de quoi ay signé le présent certificat quoyque d’autre main écrit le 22e feuvrier 1766 Beal curé


Pistes d’analyse des documents

La question des acteurs

 Chaque siège d’élection (Ambert, Thiers, Clermont-Ferrand, Brioude, Mauriac, Saint-Flour, Aurillac) dispose d’une école de démonstration. Celle-ci est encadrée par un chirurgien choisi par le subdélégué. Les chirurgiens désignés suivent au préalable les cours de Mme du Coudray avant de pouvoir former à leur tour leurs propres élèves. Une fois cette formation des maîtres effectuée, l’intendant leur procure un exemplaire de la machine de Mme du Coudray qui est souvent conservé à l’hôtel de ville. Les subdélégués ont pour mission de faire la publicité des cours d’accouchement : des affiches sont donc placardées pour attirer les volontaires. Ils informent aussi par courrier les curés sous leur juridiction de l’existence de ces cours, afin de susciter des candidatures auprès de leurs paroissiennes.

Les curés jouent un rôle déterminant à l’échelle locale, au-delà du fait qu’ils incarnent l’autorité morale. Il ne faut pas oublier l’importance du baptême dans la société chrétienne : les nourrissons décédés sans avoir été baptisés ne peuvent appartenir à la communauté des morts ni à celle des vivants. Leur corps ne peut être enterré dans le cimetière paroissial en terre consacrée, ce qui fait que leur âme erre dans les limbes. La formation de meilleures accoucheuses est donc aussi un enjeu religieux pour les curés car il permet d’apaiser la crainte des parents que leur enfant meure sans avoir été baptisé.

Les élèves sont le plus souvent des femmes indigentes, mariées ou veuves, à l’image de Damiane Paulze à Marsac. Des hommes suivent également les cours. À Aurillac, pour l’année 1762, sur les 14 élèves, 12 sont des hommes ; la même année, à Clermont-Ferrand, 6 des 26 élèves sont des hommes. En 1765, à Brioude, sur les 8 élèves, on relève 4 chirurgiens. Cette implication des hommes est intéressante car elle va finalement à l’encontre des vues initiales de Mme du Coudray qui souhaitait privilégier les femmes.

Concernant les professeurs de démonstration, on apprend parfois leur lieu de résidence (Arlanc pour Bordenave), des éléments de leur passé (Bourleyre est un ancien aide major des camps des armées du roi) ou de leur formation (le Clermontois Blancheton forme Constant, originaire de Thiers, avant que celui-ci ne devienne démonstrateur à son tour). Ils se montrent en général impliqués dans leur rôle de formateur. Certains sont remarqués comme Blancheton à Clermont-Ferrand : il est « très zélé et fort intelligent, il se donne beaucoup de soin pour se procurer des élèves. Entretient bien la machine, il la répare lui-même. Il a composé une instruction en forme de cathéchisme qu’il fait apprendre aux élèves et leur donne des copies écrites de sa main » (État des écoles de démonstration, années 1766-1767, 1 C 1404, pièce n°1). Toutefois, certains essuient des critiques. On reproche ainsi à Constant, de Thiers, d’être « plus occupé de ses affaires et de la culture des biens qu’il a acquis » (même source).


La question du financement

La mise en place du programme de cours d’accouchements à l’échelle de la généralité soulève la question de leur financement. L’Intendance assume l’essentiel des dépenses. Il lui faut tout d’abord recourir aux services de Mme du Coudray. Cette dernière exige 300 livres par mois pour former les démonstrateurs, un logement gratuit et le remboursement de ses frais de voyage. Quant à ses machines, elles sont vendues au prix de 300 livres l’unité. Les manuels coûtent 6 livres pièce. Un mémoire imprimé à Moulins (1 C 1405, pièce n°6) confirme ces chiffres. L’intendant Le Nain a même en projet d’offrir à Madame du Coudray une gratification supplémentaire de 600 livres !  Et lorsque les villes n’ont pas les ressources nécessaires pour acheter à la sage-femme sa machine, elles lui font « en nature un présent plus considérable ».  Le mémoire précise, avec une ironie plus ou moins masquée, que ces « présens la flattent bien plus que l’argent, parce qu’elle les regarde comme des gages & des témoins de son succès ». On renchérit, quelques lignes plus loin, en disant que Madame du Coudray « est bien moins guidée par l’intérêt, que par un zèle ardent pour l’humanité ». 

 Les démonstrateurs sont, pour leur part, rétribués par la ville siège de l’élection, en fonction du nombre de leurs élèves et des cours donnés. Un des problèmes qui se pose est l’accueil et la gestion des élèves. La durée des cours (trois mois) et le lieu de leur déroulement (la ville) impliquent, pour ces femmes issues des campagnes, des dépenses importantes en déplacement, logement et nourriture. Si certaines de ces élèves peuvent rentrer tous les soirs chez elles, quand leur domicile est proche de la ville, toutes ne le peuvent pas. Se pose alors pour elles la question d’un logement sur la longue durée, dans des auberges, chez des particuliers, dans des locaux désaffectés transformés en dortoirs… L’intendance d’Auvergne a choisi d’aider les élèves pour leur permettre de suivre les cours ; ces frais sont en général avancés par les démonstrateurs. La possession d’un certificat de pauvreté, rédigé par le curé de leur paroisse, est nécessaire pour bénéficier d’une aide financière, de l’ordre de 2 à 3 sols journaliers sur une période de trois mois. Cette somme allouée reste néanmoins assez modeste et peut expliquer la fluctuation des effectifs, certaines femmes faisant le choix du travail plus que des études pour subsister.


La question des effectifs

Chaque année, un état des lieux est réalisé afin de comptabiliser le nombre d’élèves par école. Le tableau qui suit met en perspective le recrutement local :


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Quelle valeur donner à ces chiffres ? On remarque que, passées les deux premières années de diffusion des cours de Madame du Coudray (1761-1762), le succès de l’entreprise s’essouffle quelque peu. Le nombre moyen d’élèves reste assez limité. Cette situation n’est pas propre à l’Auvergne : on trouve, par exemple, 14 élèves à Issoudun en 1768 et 20 à Auxerre en 1782. On est bien loin des 140 élèves à Angers en 1778 !

            Quel est le rayonnement géographique des écoles de démonstration ? Si l’on prend l’exemple d’Ambert, on observe que l’essentiel des élèves provient des campagnes du Haut-Livradois. La grande majorité habite à moins de 10 km (Valcivières, Saint-Martin-des Olmes, Champetières, Saint-Ferréol-des-Côtes, Saint-Amant-Roche-Savine, Job et Tour Goyon, Marsac-en-Livradois…). Le rayon est compris entre 11 et  17 km pour 5 femmes seulement (Bertignat, Olliergues, Marat, La Chapelle-Agnon, Cunlhat) ; la plus éloignée, à 27 km d’Ambert, vient de Saint-Gervais-sous-Meymont. Le rayonnement peut être toutefois beaucoup plus large (voir 1 C 1402, pièces nos 24-25, non datées) : la moitié des élèves du chirurgien clermontois Blancheton vient de Clermont-Ferrand et de ses environs dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres (Aubière, Blanzat, Orcet, Dallet, Pont-du-Château, Saint-Amant-Tallende, la Roche-Blanche) ; une autre grande partie provient de localités situées à une trentaine de kilomètres (Rochefort-Montagne, Pontgibaud, Bromont-Lamothe, Champeix, Montaigut-le-Blanc) ; une minorité est partie d’encore plus loin : Thiers (42 km), Bagnols (63 km) ou encore Vichy (73 km).

Les cas ambertois et clermontois montrent que le recrutement géographique est avant tout un recrutement de proximité : on perçoit ainsi une des limites de la diffusion des cours de Madame du Coudray. Ce sont les grandes villes et les paroisses rurales avoisinantes, proches des lieux de cours, qui tirent les bénéfices de son action. Les campagnes plus éloignées restent globalement sous l’influence des matrones.




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