Les téléphériques du Mont-Dore : toujours plus haut !

Inauguré en janvier 1937, un téléphérique achemine skieurs et touristes au sommet du Sancy, rendant aisément accessibles sommets abrupts et vallées majestueuses jusque-là fréquentés par quelques sportifs aguerris. L’initiative en revient à Dieudonné Costes, aviateur renommé, homme d’affaires et skieur chevronné. L’équipement devient rapidement une véritable attraction. Le second téléphérique, construit en 1962, acte la transformation des « champs de neige » montdoriens en véritable station de sports d’hiver et d’alpinisme.


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L’arrivée du téléphérique au sommet, passage du dernier pylône (vers 1950). © Arch. dép. Puy-de-Dôme, photo Jean Gouttefangeas, 569 Fi 192.

 

 

L’écrin des montagnes offre à la station thermale du Mont-Dore un cadre majestueux, mais peu accessible. Seul le fond de la vallée, le « Bout du monde » et ses grands espaces herbeux dominés par d’abrupts reliefs et les nombreuses cascades, s’offre alors à la promenade et à la détente. La construction du funiculaire du Capucin en 1899 facilite l’ascension des premiers 250 mètres au-dessus de la ville thermale : déclaré d’utilité publique en 1896, le projet comprend, outre la construction du chemin de fer électrique avec ses deux gares, l’aménagement d’un réseau de chemins et de promenades panoramiques culminant à 1245 mètres d’altitude. Jusqu’en 1937, il s’agit de l’unique remontée mécanique de la station : seuls les sportifs aguerris et les skieurs motivés, au terme d’une « longue marche ascensionnelle en file indienne, bois sur l’épaule » (Guide du skieur d’Auvergne, 1932), gagnent les plus hauts sommets montdoriens.

Si le téléphérique, inauguré en janvier 1937, est destiné au développement de l’activité de sports d’hiver, ce sont en fait les curistes et touristes estivaux qui l’empruntent en plus grand nombre, notamment en raison des conditions climatiques hivernales qui limitent fréquemment son fonctionnement : le téléphérique est utilisé 5 à 6 fois plus l’été que l’hiver. Le caractère spectaculaire de la machine, qui permet une ascension rapide du dénivelé séparant le bas de la station (1050 m) du sommet (1883 m), participe la renommée du Mont-Dore comme ville touristique.

 

 

 

 

 

 


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Téléphérique et promeneurs dans la vallée de l’Enfer (milieu XXe s.). © Arch. dép. Puy-de-Dôme, photo Jean Gouttefangeas, 567 Fi 351.

 

La cabine en marche, les gares de départ et d’arrivée, le restaurant au sommet et son « panorama incomparable », les promeneurs, les sportifs, etc., sont autant de motifs qui intéressent les éditeurs de cartes postales. Parmi ceux-ci, Jean Gouttefangeas, à la tête d’une entreprise située à Olliergues mais qui, à partir des années 1930, couvre tout le Puy-de-Dôme grâce à son automobile. Acquis par les Archives départementales quelques années après la cessation d’activité de cette entreprise à la longévité exceptionnelle (80 ans), dont la production est reconnaissable à la marque « Gd’O » inscrite sur les plaques de verre destinées à l’impression de cartes postales, le fonds Gouttefangeas documente aujourd’hui, notamment, les attraits touristiques du département.

 

 


Malgré le téléphérique, qui permet de passer de 25 000 skieurs en 1937 à 40 000 en 1938, et la volonté de la municipalité d’obtenir un classement touristique étendu aux séjours hivernaux (sa première demande date précisément de 1938), le tourisme au Mont-Dore conserve un caractère thermal et estival prononcé. Ce n’est que dans les années 1950 que les efforts pour développer la « station la moins chère et la plus proche de Paris » portent leurs fruits. Les aménagements de la station d’hiver débutent en 1954-1955 : construction des premiers remonte-pentes menant aux pistes nouvellement ouvertes, rénovation du téléphérique et construction d’une nouvelle gare, électrification du sommet du Sancy, aménagement de la voirie, construction de chalets supplémentaires par les clubs de ski, augmentation de la capacité des parcs de stationnements (de 120 places à un millier en 1960).

La construction d’un second téléphérique (le n°2) s’inscrit tout naturellement dans ce programme de grands travaux. L’ingénierie en est confiée à la société parisienne Applevage, la construction de la nouvelle gare à l’entrepreneur et architecte montdorien Charles Rai. Mis en service pour essais dans l’hiver 1961-1962, le nouveau téléphérique « sans pylône et à grand débit » accueille ses premiers passagers au printemps et à l’été 1962… il y a exactement 60 ans !


Sources :

Cochet (Patrick). Jean Gouttefangeas, imagier de l’Auvergne, Clermont-Ferrand : Conseil départemental du Puy-de-Dôme, coll. Témoins objectifs, 2008.

Consultez le catalogue des publications (p 4).

Consultez la collection Éditions Gd'O.


Pour la construction du funiculaire du Capucin : consulter S 567 (service des Ponts-et-Chaussées).

Consultez l'instrument de recherche Série S- Travaux publics et transports. Chemin de fer (5 S).


Pour le classement du Mont-Dore « Station hydrominérale » puis « Station de sports d’hiver et d’alpinisme », consulter les cotes M 60038 et 1567 W 14 (fonds de la Préfecture, mission réglementation).

Pour la mise en exploitation des téléphériques, leur construction, leur suivi technique et l’autorisation de mise en fonctionnement, consulter les cotes 1709 W 286 et 382 W 115 (service des Ponts-et-Chaussées).

Consultez l'instrument de recherche de la Direction départementale de l'Équipement. Infrastructures.


L’arrivée du téléphérique au sommet, passage du dernier pylône (vers 1950).
© Arch. dép. Puy-de-Dôme, photo Jean Gouttefangeas, 569 Fi 192.




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