Blanche Brown : la première femme arbitre de catch à Clermont en 1968

Le 6 mars 1968, l’Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes (ADIRP), section de Clermont-Ferrand, propose un grand gala de catch au profit de ses œuvres sociales. Originalité de l’événement, ainsi que le titre l’affiche « pour la première fois à Clermont-Ferrand », les combats sont arbitrés par une femme !


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Affiche pour le gala de catch organisé le 6 mars 1968 par l’Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes (ADIRP). Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de l’Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes, 146 J 112


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Sport ou spectacle ? Un peu des deux ! Dérivé de la lutte professionnelle anglo-saxonne, le catch s’impose en France dans les milieux populaires au début du XXe siècle, et certains champions français partis se former aux États-Unis conquièrent le titre mondial. Retransmis à la télévision dès les années 1950, ces combats rencontrent une forte audience et confèrent à la pratique une certaine forme de reconnaissance publique et sportive : à Clermont-Ferrand notamment, l’aménagement de la Maison des Sports, construite à partir de 1956, intègre des équipements spécifiques dont une salle de catch, boxe, lutte et judo.

 

 

 

Courrier à l’en-tête de l’entraîneur Roger Delaporte : proposition d’une programmation pour 1967 (non retenue).
Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de l’Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes, 146 J 112


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Organisés par les grands noms du catch, des combats sont produits partout en France. Le Puy-de-Dôme n’échappe pas à la mode, et les associations clermontoises sont nombreuses à organiser de telles manifestations, lucratives semble-t-il… En mai 1966, la section clermontoise de l’Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes (ADIRP), à la recherche de fonds pour ses œuvres sociales, se lance dans l’aventure par l’entremise du concierge de la Maison des Sports, proche du célèbre catcheur et matchmaker du Palais des Sports et de l’Elysée-Montmartre de Paris, Roger Delaporte. L’échange épistolaire entre les organisateurs révèle des difficultés d’organiser l’événement face à une concurrence sévère : un courrier mentionne deux galas similaires organisés en octobre et novembre 1967 ; puis, lorsqu’une date est finalement avancée pour mars 1968, M. Delaporte fait part de ses craintes : « espérons que la France Combattante [une autre association] ne vous organisera pas un gala huit jours avant »...

 

 

 

 

 

Coupure de presse relatant a posteriori l’événement (7 mars 1968), journal non identifié.
Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de l’Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes,
146 J 112


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Glissée dans le dossier d’organisation de l’évènement, l’affiche promotionnelle clame : « Pour la première fois, une femme arbitre à Clermont-Ferrand ». C’est que l’événement, présenté par la presse comme « la plus grande attraction actuelle », est de taille dans le milieu du catch : Blanche Brown, ex-championne d’Europe de catch et récemment diplômée arbitre, mais qui peine à s’imposer dans le milieu du catch féminin – les catcheuses refusent d’être arbitrées par une femme –, est en effet autorisée par la fédération nationale à arbitrer les combats masculins lors de ce gala exceptionnel, qui réunit les « étoiles » du catch.

 

 

 

Courrier à en-tête de la rédaction du journal Le patriote et résistant, organe de presse de la Fédération nationale des Déportés Internés Résistants et Patriotes.
Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de l’Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes, 146 J 112


 

Ce gala – qui n’eut pas de réplique, les recettes s’avérant finalement décevantes – n’est que l’une des nombreuses actions en faveur de ses œuvres sociales organisées par l’ADIRP, fondée en 1945 pour honorer la mémoire des victimes de guerre et venir en aide aux survivants et à leurs familles. Ses archives, données aux Archives départementales du Puy-de-Dôme en 2004, témoignent de l’ampleur des actions sociales menées pendant près de 45 ans (suppléments alimentaires jusqu’en 1948, colonies de vacances jusqu’en 1953, aide matérielle jusqu’en 1962, aide médicale jusqu’en 1969, etc.) et largement financées par différentes initiatives : distribution du journal Le Patriote, vente de calendriers ou du Bleuet de France, tombolas, collectes diverses et… manifestations sportives !


 

Affiche pour le gala de catch organisé le 6 mars 1968 par l’Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes (ADIRP)
Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de l’Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes, 146 J 112




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