Dentelles du Livradois

 

L’activité dentellière, aujourd’hui associée internationalement au nom du Puy-en-Velay, est loin de s’être limitée à la seule Haute-Loire : des modèles de dentelles conservés aux Archives départementales du Puy-de-Dôme sont là pour en témoigner.



En 1690, l’intendant d’Auvergne évoque un marchand tenant un « assez gros commerce » à Arlanc. L’activité atteint son plein développement au XIXe siècle dans la région d’Ambert : en 1872, on dénombre 10 000 dentelières dans les cantons de Viverols, de Saint-Anthème et d’Arlanc ; en 1897, 130 000 femmes et jeunes filles s’y consacreraient dans les quatre départements de la Haute-Loire, de la Loire, du Cantal et du Puy-de-Dôme.

Il s’agit alors d’un travail essentiellement domestique, assuré par des femmes en complément de leurs lourdes activités quotidiennes. Il est très organisé : l’ouvrage est distribué dans les campagnes par des « leveuses » qui fournissent fil et cartons-modèles, puis se chargent de la collecte des produits finis pour le compte de marchands ; ce sont eux qui emploient les dessinateurs, assurent le piquage des modèles et les mettent en cartons destinés aux carreaux des dentelières.

Pour séduire leur public, les dentelles doivent être originales et au goût du jour. Dans ce contexte très concurrentiel, la protection du dessin, et surtout celle du « dessin piqué » - sa transcription qui tient compte des contraintes techniques (nature du point, passage des fils, etc.) -, sont capitales. Les maisons de dentelle, pour revendiquer leur propriété, déposent donc des modèles, scellés dans des boîtes, auprès des tribunaux de commerce : en cas de contestation, ils permettent de prouver l’antériorité du motif.

Chaque modèle est un morceau de papier sur lequel est reporté, à l’aide d’un fusain ou d’un crayon, le motif dessiné par les trous du dessin piqué ; pour permettre la lecture par un œil non averti des milliers de points ainsi obtenus, le dessin est ensuite repassé à l’encre, avant d’être numéroté.

Créés dans un but juridique, ces élégants dessins, aujourd’hui conservés par centaines aux Archives départementales du Puy-de-Dôme dans le fonds du tribunal de commerce d’Ambert, témoignent de l’inventivité, de la variété et de la technicité d’une activité domestique disparue, mais dont l’art et le savoir-faire suscitent de nos jours un intérêt renouvelé.

 

Consulter les modèles déposés le 26 septembre 1904 par la maison Bost-Dutour. (54 vues)

 

Bibliographie

Bordet (Alain), Dentelles et guipures du pays d’Arlanc : Auvergne, Velay, Forez, Olliergues : La Montmarie, 2005 [cote aux AD63 : 2 BIB 5672]

Dubouchet (Georges), Les fées aux doigts magiques : au pays de la reine des montagnes, Saint-Didier-en-Velay : Musée de Saint-Didier-en-Velay, 2010.



Modèle de dentelle n°1110 déposé par la maison Bost-Dutour d’Ambert, 26 septembre 1904

Arch. dép. Puy-de-Dôme, U 24895

 




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