Dans la période de l’entre-deux-guerres, à la faveur d’une politique nationale envers l’éducation sportive et encouragées par des aides financières, de nombreuses municipalités, grandes et petites, se dotent d’équipements sportifs qu’elles mettent à disposition de leurs associations sportives. En 1931, la ville d’Issoire construit ainsi son premier terrain de sport pour permettre aux onze associations sportives issoiriennes d’exercer leurs disciplines respectives.

Jusque dans les années 1920, les clubs sportifs et leurs fédérations prennent en charge toute l’organisation de leur pratique sportive, et construisent leurs propres équipements. Bien que l’éducation sportive soit inscrite dans les programmes scolaires (instructions officielles de 1887 et de 1923), elle reste peu suivie et mal encadrée par l’État. Le premier sous-secrétariat d’État à l’Éducation physique, rattaché au ministère de l’Instruction publique, est créé en 1928 : l’engagement des pouvoirs publics dans le domaine s’accélère, des crédits sont rendus disponibles pour soutenir la construction d’infrastructures sportives publiques.

Une trentaine de dossiers conservés dans le fonds de la Préfecture témoignent de cette période où nombre de localités puydômoises se lancent dans l’aménagement de ces équipements, de simples préaux équipés d’agrées aux terrains de sports engazonnés, en passant par des complexes équipés de bassins de natation, pistes cyclistes et vestiaires, au plus grand bénéfice des clubs sportifs.

En 1929, profitant de cet élan national, la Ville d’Issoire acquiert un terrain de 5 hectares à l’entrée nord de la ville pour la construction d’un stade adapté aux « jeux » (disciplines sportives) les plus représentés : football, rugby, courses cyclistes et pédestres, natation et gymnastique. Destiné à l’éducation physique et sportive, mis à disposition des écoles et des onze associations issoiriennes à vocation sportive, il s’agit du premier équipement sportif public issoirien. Le plan, aquarellé en couleur et très soigné, montre un complexe sportif centré sur un grand terrain de football (discipline qui rassemble en 1931 le plus de licenciés) entouré d’une longue piste cycliste bétonnée de 500 mètres aux virages relevés, une piscine de plein air adaptée aux nageurs débutants (profondeur maximum de 0,80 m) et confirmés (2 à 4 m), des terrains nivelés et sablés pour la pétanque, le basket et divers « jeux enfantins ». Pour l’Issoirienne (gymnastique), la plus ancienne association sportive de la ville fondée en 1884 et qui dispose de son propre gymnase en centre-ville, la municipalité prévoit l’acquisition d’agrées et de tremplins. Cabines avec toilettes et urinoirs, vestiaires avec douches, plusieurs fontaines et des bancs du Touring Club offrent tout le confort moderne aux usagers du stade.

Cet ambitieux programme n’est toutefois pas réalisé dans sa totalité, les travaux se limitant à l’aménagement du terrain d’honneur multi-sport (football et rugby) ceinturé d’une piste et d’un petit terrain annexe destiné aux entraînements. Il faut attendre la fin des années 1960, alors que la ville d’Issoire connaît une forte poussée démographique (11628 habitants en 1962, contre 6700 habitants en 1931), pour que de nouveaux aménagements sportifs d’ampleur soient menés : refonte du complexe sportif existant (Albert-Buisson), construction de gymnases scolaires et vaste projet de complexe sportif intégrant un centre nautique au sud de la ville, au « Bout du Monde ».

Projet d’aménagement d’un parc de sports (5 mars 1931). Plan aquarellé, par l’architecte Paul Raymond.
Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de la Préfecture, Affaires culturelles et sports, T 767