En 1923, la Ville de Clermont-Ferrand ne manque pas de célébrer le tricentenaire de la naissance de l’un de ses plus illustres citoyens ; du 7 au 8 juillet 1923, la visite présidentielle d’Alexandre Millerand marque les festivités et réceptions organisées autour de Blaise Pascal. Une chanson satirique conserve le souvenir du passage du Président de la République et des cérémonies données à cette occasion.

Organisées à l’initiative de la Ville, les « Fêtes de Pascal » de 1923 sont honorées par la présence du Président de la République Alexandre Millerand qui, au cours de son mandat (1920-1924), entreprend une série de visites officielles pour célébrer, en divers lieux de France, inventions et personnalités.

Service protocolaire et sécurité de l’évènement relevant du préfet, les Archives départementales en conservent un épais dossier constitué par le cabinet du préfet Ange Benedetti. Protocole républicain mis en œuvre, listes des invités (dont l’archiviste départemental Gilbert Rouchon !) et ordre de préséance dans le cortège, tout est prévu pour assurer le succès de l’événement, jusqu’aux indispensables conseils vestimentaires pour chaque occasion ; redingote ou jaquette et haut de forme pour la cérémonie au square, chapeau melon pour le déjeuner au sommet du puy de Dôme, tenue de soirée pour le banquet à l’Hôtel de Ville !

Par ailleurs, des instructions sont données pour surveiller préventivement les établissements susceptibles d’attenter à l’ordre public et aux lieux de la ville réputés dangereux. C’est peut-être à l’occasion de cette surveillance qu’est saisi le texte de cette chanson, retrouvé dans ce dossier…

Viens Mi-Mille !

Sous un titre sobre (« Le Président Millerand à Clermont-Ferrand »), son auteur Alexandre Courtboie propose une adaptation du très populaire et non moins grivois air de variété « Viens Poupoule ! », composé en 1902 par Adolphe Spahn et rendu célèbre par Félix Mayol qui le crée la première fois à la Scala, fameux music-hall parisien.

En neuf couplets, la version clermontoise décline de manière satirique les étapes de la visite présidentielle. Malgré sa faible popularité, ce n’est pas Alexandre Millerand qui est la principale cible du pamphlet, mais bien le déploiement des fastes de la République et l'empressement des élus et notables locaux à accueillir dans la liesse celui que l’opinion publique surnomme « le Sanglier ». L’auteur donne surtout à son texte un évident sens patriotique. Ainsi, il invite non pas à chanter mais à déclamer, un important couplet dédié aux soldats de la Grande Guerre (le défilé présidentiel s’arrête pour un temps de recueillement devant le tout récent monument aux morts érigé place Salford) et à ceux que « l’Histoire illustra » (nouvel arrêt sur la place de Jaude devant les monuments à Vercingétorix, « le fameux guerrier gaulois », et le « brave et sans peur » général Desaix).

Fouchtra !

Prétexte à l’écriture de ce quolibet, les cérémonies autour de la figure de Pascal sont finalement décrites dans les sixième et dernier couplets, sur une tonalité cette fois-ci bon-enfant. Le 8 juillet 1923, la Daumont (voiture officielle hippomobile) du Président Millerand entreprend le parcours commémoratif de Blaise Pascal qui débute par la visite (en 15 minutes !) du « musée Pascal » (les salles dédiés à l’inventeur au Musée du Ranquet) avant de cheminer jusqu’au sommet du puy de Dôme, où il est accueilli par les membres de l’Institut, de l’Académie des Sciences et… la pluie (couplet 9) ! Après un banquet tenu dans une des salles de l’Observatoire, le cortège rejoint Clermont et le square où trône la monumentale statue de Pascal (couplet 6). La cérémonie qui s’y déroule (discours des personnalités scientifiques et grande fête populaire avec couronnement de la Muse des Peuples) clôt les festivités.

Sixième couplet dédié à la cérémonie à Blaise Pascal dans le square homonyme.
Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds du cabinet du préfet, M 4566

Les commémorations du tricentenaire de la naissance de Blaise Pascal sont aussi le prétexte à  un programme de manifestations étendu à la vie économique et culturelle régionale. La « semaine auvergnate », du 4 au 8 juillet 1923,  est ainsi l’occasion de visites ministérielles dans les stations thermales, d’inaugurer la foire-exposition de la XVII^e région économique, la salle des séances du Conseil général à la Préfecture (actuelle salle Clémentel) et le monument à Eugène Renaux au sommet du puy de Dôme, d’organiser un grand concours rassemblant 24 sociétés musicales, mais aussi des fêtes nautiques, des projections cinématographiques en plein air, d’un comice agricole ou encore d’un meeting aérien.

La Montagne : programme de la « Semaine Auvergnate » 28 juin 1923.
Arch. dép. Puy-de-Dôme, 2 PER

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« Le Président Millerand à Clermont-Ferrand », à chanter sur l’air de « Viens Poupoule ! », par Alexandre Courtboie (1923).

Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds du cabinet du préfet, M 4566