Quand le pape fulmine… bulles papales du XIIIe siècle

On appelle « bulles » une catégorie d’actes officiels émis sous forme écrite par la chancellerie pontificale, depuis au moins le Ve siècle. Les fonds des établissements ecclésiastiques supprimés à la Révolution et aujourd’hui conservés aux Archives départementales, à commencer par celui de Saint-Alyre de Clermont, en comptent de nombreux exemplaires… petite visite diplomatique (la diplomatique étant la science des documents officiels) de bulles du XIIIe siècle.


La « bulle » à proprement parler est le sceau de métal appendu au document par des liens de chanvre ou de soie : il porte sur une face les portraits des apôtres Paul (à gauche, chauve et dont la barbe est figurée par des traits) et Pierre (à droite, à la barbe composée de points), et sur l’autre le nom et le numéro du pape séparés par « PP » pour « primus pontifex » (par exemple « Alexander pp IIII » pour « Alexandre IV, premier pontife »).


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Sceau en plomb (bulle) d’Alexandre IV (1257). Arch. dép. Puy-de-Dôme, 1 H PS 31


Il s’agit, jusqu’au XVe siècle, du format exclusif des lettres émises par le pape : les sujets traités sont donc très variés. On peut toutefois distinguer les textes à portée générale (décrets, de forme solennelle) des lettres (forme simple). Les exemples ici présentés relèvent de cette dernière catégorie : le pape s’adresse à l’abbé et au couvent de l’abbaye clermontoise, pour rendre une décision qui les concerne – et souvent à leur demande.


Rédigés sur parchemin (le papyrus est abandonné depuis le XIe s. – ce qui a permis de conserver des originaux depuis cette époque), ces actes adoptent un formalisme précis : ils commencent par le nom du pape calligraphié en lettres allongées, suivi de la formule « episcopus, servus servorum Dei » (soit « évêque, serviteur des serviteurs de Dieu »), nomment le ou les destinataires (« dilectis filiis »… « à ses chers fils… ») avant la formule de salutation « salutem et apostolicam benedictionem » (« salut et bénédiction apostolique »). L’acte s’achève par la date, annoncée par le mot « datum » (« donné »), d’abord de lieu (ici « Lugduni » « à Lyon » ou « Laterani » « au Latran [Rome] ») puis de temps, exprimée selon le calendrier romain et se référant à l’année du pontificat.

Imitée de la chancellerie impériale byzantine, l’utilisation de bulles est réservée, en Occident, au pape et à l’empereur : eux seuls « fulminent » (ou émettent) des actes scellés de métal, généralement en plomb, très exceptionnellement et de façon solennelle en or… dont les Archives du Puy-de-Dôme ne conservent aucun exemplaire !


Bulles papales du XIIIe siècle issues du fonds de l’abbaye Saint-Alyre de Clermont.


Bulle d'Innocent IV interdisant de conférer
des prieurés aux séculiers
(Lyon, 13 décembre 1246).
Arch. dép. Puy-de-Dôme, 1 H PS 33

Bulle d’Alexandre IV déclarant nulles
les dettes contractées sans utilité
(Rome, 5 mars 1257).
Arch. dép. Puy-de-Dôme, 1 H PS 32

Bulle d’Alexandre IV interdisant d’aliéner des biens
(Rome, 13 avril 1257).
Arch. dép. Puy-de-Dôme, 1 H PS 31


 


Quand le pape fulmine… bulles papales du XIIIe siècle.

Arch. dép. Puy-de-Dôme, 1 HPS 31, 32, 33

 




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