Un fait de Résistance : l’attaque de la gendarmerie d’Arlanc (9 juin 1943)

Le 9 juin 1943, douze hommes menés par le chef du groupe des Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P.) de la région d’Arlanc, armés de fusils, mitraillettes et pistolets, attaquent la gendarmerie d’Arlanc pour y libérer six de leurs camarades,  capturés le matin même par la brigade car réfractaires au Service du Travail obligatoire (S.T.O.). Le dossier de la section spéciale du tribunal de Riom, chargée de réprimer cet acte, témoigne aujourd’hui de l’événement.


Le bilan de l’attaque éclair est mitigé : si les six défaillants au S.T.O., libérés, peuvent s’enfuir et rejoindre le maquis, les tirs sont nombreux et désordonnés, blessant ou tuant plusieurs hommes, aussi bien résistants que gendarmes. Les recherches aussitôt lancées pour retrouver les auteurs de l’attaque se soldent par l’arrestation de 49 personnes dans un refuge du maquis au bois de Chanteduc (commune de La Chaise-Dieu).


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Vues extérieures de la gendarmerie d’Arlanc indiquant les impacts de balle et le déplacement des gendarmes touchés par les tirs (1943).
Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de la section spéciale auprès de la Cour d'Appel de Riom, dossier de procédure n° 6 S, 107 W 405


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Le jugement des protagonistes de l’attaque est confié à la section spéciale du tribunal de Riom. L’épais dossier de procédure rassemble les pièces qui ont conduit à la condamnation de douze résistants – dont une à mort à l’encontre de Paul Daigneau, qui a mené l’attaque. Témoignages, rapports, réquisitoires et pièces à conviction (dont des balles) documentent les faits ; des photographies détaillées et annotées, complétées par un croquis et un plan des lieux, enrichissent, au titre des pièces de forme, les procès-verbaux des témoignages recueillis auprès des hommes arrêtés, des voisins témoins de l’attaque et des gendarmes présents.

 

 

 

Extrait du dossier photographique : croquis de l’attaque annoté sur un plan des lieux (1943).
Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de la section spéciale de la Cour d’Appel de Riom, dossier de procédure n° 6 S, 107 W 405


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Inventaire des pièces de la procédure criminelle contre 12 détenus (dont un défaillant, en fuite) (1943). 
Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de la section spéciale auprès de la Cour d’Appel de Riom, dossier de procédure n° 6 S, 107 W 405


Ce dossier de procédure est aujourd’hui conservé aux Archives départementales du Puy-de-Dôme au sein du versement de la cour d’appel de Riom coté 107 W, qui regroupe des dossiers issus aussi bien de l’activité des cours de justice et des chambres civiques instaurées à la Libération pour assurer l’épuration judiciaire des faits de collaboration avec l’ennemi, que de celle du tribunal spécial de Riom actif durant l’Occupation, et de sa section spéciale. Mises en place par la loi du 14 août 1941 pour juger les faits de communisme, puis, avec la loi du 18 novembre 1942, pour réprimer l’ensemble des menées antinationales et les faits (aujourd’hui qualifiés de) résistance, les sections spéciales jugent en dernière instance, ce qui signifient que leurs décisions ne sont susceptibles d’aucun appel, recours ou pourvoi.

Au terme d’un travail de plusieurs années, le traitement (classement et extraction des pièces les plus fragiles en vue de leur numérisation) de cet ensemble documentaire s’achève ; il permet de rendre accessibles des fonds judiciaires qui, dans leur richesse, jettent une lumière crue sur le quotidien durant l’Occupation, sur les actions, durement réprimées, de la Résistance, mais aussi sur la réalité de la collaboration avec l’ennemi.


Dossier de procédure n° 6 S relatif à l’attaque de la gendarmerie d’Arlanc du 19 juin 1943 (1943).

Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de la section spéciale auprès de la Cour d'Appel de Riom, 107 W 405




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