Un siècle de bulletins météorologiques

Quel temps a-t-il fait en octobre 1951 à Charbonnières-les-Vieilles ? L’année 1925 a-t-elle été propice aux cultures à Isserteaux ? A quelle date ont fleuri les cerisiers à Lezoux en 1895 ? Depuis 1875, des observateurs mandatés par l’Observatoire de Physique du Globe de Clermont-Ferrand rendent minutieusement compte des phénomènes météorologiques et phénologiques sur tout le territoire du Puy-de-Dôme : la collection de fiches et relevés précis constituent une bonne part du fonds aujourd’hui conservé aux Archives du Puy-de-Dôme.


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Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de l’Observatoire de Physique du Globe, 4 ETP 27.

Instituées partout en France en 1865, les commissions météorologiques départementales ont pour mission de contribuer à l’élaboration d’un atlas physique de la France. Leurs membres, nommés pour cinq ans par le préfet, sont dans le Puy-de-Dôme des professeurs à la faculté des Sciences ou à l’École normale de médecine et de pharmacie, mais aussi des ingénieurs des Ponts-et-Chaussées ou encore des élus. La commission organise et coordonne la collecte des relevés météorologiques auprès des stations identifiées, dont les contributeurs volontaires sont recrutés parmi les fonctionnaires ou agents assermentés présents sur le territoire : agents des Ponts-et-Chaussées, gardes forestiers, gardes champêtres et, en grande majorité, instituteurs. Ces derniers sont d’ailleurs sensibilisés dès leur passage à l’école normale de Clermont-Ferrand qui dispose, de 1883 à 1945, d’un poste d’observation et de relevés quotidiens des températures, de la pluviométrie, de l’hygrométrie, du vent et de l’état du ciel, effectués par les élèves-maîtres toutes les 3 heures... À la réception des données, la commission se pose en modérateur : elle corrige et note, le cas échéant, les irrégularités ou incohérences, avant de les transmettre à la station centrale dite « de la plaine », installée dans la tour Rabanesse jusqu’en 1913, puis sur le plateau des Landais avant d’intégrer le campus des Cézeaux en 1998. C’est elle également qui fournit à ses contributeurs les outils nécessaires, afin de garantir la précision et l’homogénéité des relevés : formulaires imprimés, consignes, matériel étalonné.

Relevé des observations météorologiques à Charbonnières-les-Vieilles, mois d’octobre 1951. 


Chaque informateur est chargé de reporter quotidiennement sur le formulaire mensuel d’observation la pression atmosphérique (relevée à heure fixe : sur le site du puy de Dôme, c’est à midi douze !), les températures minimum et maximum, la pluviométrie, et d’évaluer la vitesse du vent. La commission ne peut équiper chacune de ses petites stations avec du matériel adéquat : seuls le thermomètre, le baromètre et le pluviomètre sont fournis. Le vent, la direction des nuages et l’état du ciel font appel à des qualités d’observation encadrées par quelques consignes : on notera par exemple que le vent est « calme » lorsque « la fumée s’élève verticalement ou à peu près, [et que] les feuilles des arbres sont immobiles ». Place est également laissée aux observations supplémentaires, permettant d’annoter certains évènements exceptionnels. Certaines stations sont sollicitées pour recueillir des données complémentaires sur les orages (Chanat-la-Mouteyre, Sallèdes, Saint-Jacques-d’Ambur, Teilhet ou Tortebesse) ou d’observation de la faune et de la flore (dits relevés phonologiques).


Au total, sur toute la période, 143 localités participent au recueil systématique de données climatiques dont la qualité et la fiabilité de l’analyse dépendent également de la constance, dans la durée, des données transmises à l’Observatoire. Ainsi que le mentionne le courrier du responsable du poste d’observation de Charbonnières-les-Vieilles en 1951, contraint de suspendre ses relevés pour raison d’âge après quatorze ans de bons et loyaux services, il s’agit d’un travail quotidien « ne pouvant de ce fait convenir qu’à un sédentaire, ce qui en fait le principal obstacle ».


Les données sont ensuite analysées et complétées par les relevés réalisés de manière continue sur les sites d’observation gérés par les scientifiques (sommet du puy de Dôme et plaine), qui les restituent sous forme statistique et de publications scientifiques. Dès 1887, les sites clermontois se dotent d’appareils enregistreurs : thermographes (température), barographes (pression atmosphérique), hygrographes (température et humidité de l’air), actinographes (intensité lumineuse), anémographes (pour la direction du vent et pour la vitesse).


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Expérience de mesure de la radioactivité au sommet du puy de Dôme (8 novembre 1961). Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds Léon Gendre, 590 Fi 5542.

Le fonds Observatoire de Physique du Globe versé en 1998 aux Archives départementales couvre une période allant de 1867 à 1998, sur 253 registres. L’observatoire météorologique du puy de Dôme ouvre ses portes en 1875, et devient établissement national en 1878, puis en 1925 Institut et Observatoire de Physique du Globe, rattaché à la faculté des Sciences de Clermont-Ferrand. Son fonds contient principalement les enregistrements d'observations météorologiques effectuées par les stations d'observations départementales, par l'observatoire du sommet du puy de Dôme (série complète de 1877 à 1961, dont une série d’enregistrements du nombre de jours où le mont Blanc est visible depuis le sommet) et la station de Clermont-Ferrand (série complète de 1880 à 1998).


Pour en savoir plus : 

-       Observatoire de Physique du Globe de Clermont-Ferrand

-       L’observatoire du puy de Dôme fête ses 150 ans : l’Université Clermont Auvergne consacre à cet évènement un site dédié, à consulter !

 

Relevé des observations météorologiques à Charbonnières-les-Vieilles, octobre 1951.

Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de l’Observatoire de Physique du Globe, 4 ETP 27




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