Protéger les blondes de Marsac

Au XVIIIe siècle, le fonds de l’intendance d’Auvergne témoigne du développement de la dentelle en Livradois et du début de sa fabrication en fils de soie, qui lui donne ses lettres de noblesse et lui vaut toute l’attention des inspecteurs des manufactures attachés à en garantir la qualité.


Requête du sieur Pacros fils, fabricant de « blondes » à Marsac[-en-Livradois],
demandant qu’il soit fait un règlement pour la fabrication des dentelles (3 avril 1781).
Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de l’Intendance d’Auvergne, 1 C 450

 


Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle se succèdent à la fonction d’inspecteur des manufactures d’Auvergne deux membres de la famille Jubié. Originaires d’une dynastie dauphinoise d’industriels et fabricants d’étoffes de soie, les inspecteurs Noël Joseph (1727-1803) puis son fils Pierre Joseph Fleury Jubié (1759-1843) vont naturellement soutenir le développement et l’amélioration de la production de dentelle du Livradois. Ils instruisent par exemple les demandes de création de manufactures de dentelles de soie (à Billom ou Clermont-Ferrand à la fin des années 1770 – laissées sans suite) ou des demandes de soutien à leur production formulées par les fabricants de la région.


En 1781, l’inspecteur reçoit une requête des fabricants de Marsac – alors réputés pour leurs « blondes » (dentelle de soie blanche) – désireux de protéger du vol et de la copie les dessins qu’ils avaient acquis « à grand frais » et au prix de nombreux voyages à Paris à la recherche des meilleurs dessinateurs, pour « donner du goût et varier les dessins afin d’accroître le commerce » et « procurer tout ce qu’il y a de plus beau et de nouveau » à la mode vestimentaire. L’acquisition de dessins de qualité et originaux (ils peuvent aussi s’attacher les services d’un ou plusieurs dessinateurs et/ou piqueurs) garantit au fabricant la renommée de sa maison. En dépit d’un enjeu économique et commercial manifeste, aucun règlement ne s’attache spécifiquement à la protection de ces modèles avant la fin de l’Ancien Régime ; il faut attendre l’Empire pour qu’une loi soit promulguée en 1806 suite à de semblables doléances exprimées par les fabricants de soieries de Lyon.

 

Ce document, conservé dans le fonds de l’Intendance d’Auvergne, décrit une organisation et des métiers qui perdurent jusqu’au début du XXe siècle.


Pour en savoir plus : découvrez l’exposition « Les Archives font dans la dentelle » du 10 juin au 17 septembre ! 




Requête du sieur Pacros fils, fabricant de « blondes » à Marsac[-en-Livradois], 
demandant qu’il soit fait un règlement pour la fabrication des dentelles (3 avril 1781).

Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds de l’Intendance d’Auvergne, 1 C 450

 




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